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www.jacqueline.salenson.fr

QUESTIONS DE VIE ET DE MORT, DROIT AU SUICIDE ACCOMPAGNE LOIS DU SYSTEME DE SANTÉ QUANT A LA FIN DE LA VIE/ pour que les lois permettent enfin aux médecins de RESPECTER les volontés de tous les citoyens quant à leur vie, leur santé, leur mort, exprimées dans leurs DIRECTIVES ANTICIPEES avec leur PERSONNE DE CONFIANCE nommée par écrit, Y COMPRIS en cas de DEMANDE D'INTERRUPTION DE VIE VOLONTAIRE, en fin de vie, avec "le choix" et "Ultime Liberté"

journal de la fin de vie de ma mère 98 ans

Presque 98 ans... et jusque là totalement autonome, seule chez elle, très peu de médicaments (un donné pour une tension soi-disant trop forte, il y a 4 ans, tension nerveuse lorsqu'elle s'occupait de mon père en état de démence vasculaire et poursuivi depuis, l'autre pour pallier à l'ablation de la thyroïde qu'un « boucher » lui a retiré sans raison, il y a peut-être 20 ans, lui abimant une corde vocale au passage... ), juste la vie qui se rétracte en peau de chagrin... de la faiblesse, une démarche hésitante qui la contraignait à ne sortir que très peu (faire ses courses) et accompagnée, plus envie de lutter pour continuer à vivre... envie de rejoindre son mari au cimetière, veuve inconsolable depuis 4 ans, après 73 ans d'amour et de vie partagé en fusion totale, elle sous sa protection.

Ma mère était consciente à son arrivée aux urgences et a clamé partout qu'elle voulait mourir, elle savait que son état de santé très faible ajouté à deux fractures : bras et hanche allaient lui pourrir sa qualité de vie, jusque là indemne de tout tracas

Personne ne l'écoute, elle choque d'une part parce qu'elle n'est ni démente ni inconsciente, parce qu'elle réclame la mort, mais on ne respecte même pas sa volonté de ne pas souffrir, on la laisse crier de douleur, et on ne calme que sur mon intervention, à retardement... (je passe mes journées avec elle à l’hôpital)

On refuse de l'endormir pour qu'elle ne souffre pas.

On a l'air de la rendre fautive de ne pas supporter la douleur ! Eh oui, jusque là elle n'a jamais été malade ou si peu... pas de douleurs ou exceptionnellement, elle déteste les douleurs qu'elle trouve scandaleuses à son âge.

On ne la croit pas lorsqu'elle (et moi) signalent sa forme jusqu'à l'accident.

On la condamne visiblement de préférer mourir plutôt que de souffrir...

et pourtant, n'est-ce pas son droit à presque 98 ans ? Elle a envie de s'endormir et de ne pas se réveiller... fatiguée de vivre.


Après une très lourde opération (palmier pour sa fracture du bras, située haut sous la tête de l'os, et prothèse de hanche), endormie à 14h30 (elle était tombée la veille à 17h35), sortie de salle de réveil à 22h30, elle est revenue très consciente.

Elle ne supporte ni le brassard qui maintient son bras, qui par ailleurs bouge avec elle et l'étrangle quand il glisse, ni les tuyaux qui lui apportent je en sais pas quoi, ni le masque à oxygène, ni l'oxygène arrivant par des tuyaux nasaux, ni la sonde urinaire qu'on lui a posé...

Elle arrache tout dès qu'elle peut et demande à rentre mourir chez elle...

Elle a très mal au bras, mais on refuse de lui donner plus de médicaments pour qu'elle ne souffre pas.

Nul ne l'écoute... on ne lui pose aucune question sur sa façon de vivre et de penser.

On la traite comme un enfant, on lui dit d'être sage et qu'on va la gronder !

 

à 98 ans, elle demande plus de respect, elle n'est pas un squelette à réparer, même très bien, mais un être humain, certes pas facile, car jusque là elle n'a jamais été malade et ne supporte pas ni la douleur ni la souffrance.

La gêne de ces appareils qu'on lui met est pour elle une grande douleur.

Elle a toujours été autonome et a toujours géré sa vie comme elle voulait. Elle n'a pas envie de changer avant de mourir, son seul souhait, qu'elle répète à qui veut l'entendre...

Elle n'a pas envie de supporter les douleurs d'une longue rééducation, indispensable si elle s'en sort, ni de se retrouver comme un légume, dépendant d'autrui, seul avenir qu'elle entrevoit ....

Elle ne supporte pas le brassard pour son bras, qui la serre et lui écrase la main, lui tient trop chaud, l'étouffe au niveau du cou, elle fait tout ce qu'elle peut pour retirer sa main de cet étau, elle ne supporte ni le masque à oxygène ni le petit tuyau dans le nez qu'elle arrache régulièrement.

Profitant de mon absence (je reste avec elle le plus possible), on lui avait attaché la main pour qu'elle cesse de tout arracher, et on m'a dit qu'elle allait bien alors que visiblement elle allait très mal, furieuse, voulant rentrer chez elle et au moins changer d’hôpital, pour être mieux traitée.

Après l'opération, par deux fois, la trouvant trop anémiée, on lui a fait des transfusions de sang pour la « retaper »...

n'est-ce pas déraisonnable ? De la prolongation de vie qui s'apparente à de l'acharnement ? Contre sa volonté ?

 

Elle dit que 3 sur 4 des infirmières sont méchantes, qu’elles ne s’occupent pas d’elle, ce qui est assez vrai : elles sont en trop petit nombre et elles refusent de donner autre chose que des calmants visiblement insuffisants, ordonnance d'un médecin chef de service qui ne sait apparemment s'occuper que du squelette à réparer, mais pas des personnes vivantes.

Ses visites consistent à ouvrir la porte, y rester, et clamer « çà va » d'un ton sans réplique, et de tourner les talons...

Lors d'une visite où les infirmières lui signalent le bras violacé et doublé de volume de ma mère, bras caché sous le drap, il répond : « c'est normal » sans regarder une seconde... et s'en va...

je demande qu'il revienne voir, impossible, il est en consultation, il devait repasser le soir, et bien non !

Les infirmières ont fait ce qu'elles ont pu : retirer le brassard, pour un léger support de bras, caler le bras avec des oreillers, le surélever pour faciliter la circulation...

Elles sont très gênées de tout faire pour prolonger la vie de ma mère, qui ne demande que la mort.

Elles ne lui parlent pas, sauf pour lui dire de se tourner, ou autre nécessité de soin...

Elles doivent appeler le médecin pour augmenter les antalgiques mais elles ne le font pas... après le promettre... en plus...

Très peu ont le sourire et sont aimables, pourtant, un simple sourire et de l'empathie réconforte moralement la vieille dame qu'est ma mère, habituée à être respectée.

On l'a appelée « grand-mère », çà la choque, moi aussi, c'est infantilisant, bien que la jeune femme ait voulu être gentille...

et bien non, elle a l'habitude que les étrangers l'appellent madame et par son nom

On refuse de la faire dormir, ce qui serait le seul moyen de la soulager , et des douleurs et de sa souffrance morale dont personne ne se soucie,surtout aller vite pour qu'elle ne puisse pas en parler...

Lorsque je suis avec elle, elle ne cesse pas de se plaindre, furieuse qu’on ne lui réponde pas comme elle veut: cesser de souffrir! Elle s'énerve de mon incompétence à la faire sortir de là, on la martyrise, que puis-je faire? Elle dit qu'on la mise en prison puisqu'elle n'est même pas libre de rentrer chez elle, où elle voudrait mourir.

 

Pour ses repas on lui pose le plateau devant elle, tant pis si elle a une main bloquée dans le brassard, l’autre sur le lit violette des multiples prises de sang et cathéter posé donc affaiblie, et qu’elle ne peut pas mangersans aide... j'essaye d'être là au maximum aux repas, mais à tous, ce n'est pas possible...

Lorsqu'elle demande de laisser la porte de sa chambre ouverte, car elle étouffe... il fait très chaud, et c'est la seule distraction qui lui va... les va et vient dans le couloir... (elle ne veut pas de la télé, qui l'agace..), on ferme la porte...

 

Le chirurgien orthopédiste, chef de service, est probablement un bon technicien, les radios prises après opération sont bonnes... d'après lui, il ne nous les a pas montrées... , mais il n'a aucun respect pour ma mère, certes une malade qu'il n'a pas choisie, arrivée en urgence, une vieille dame fragile mais pas prête à se laisser faire, habituée à décider elle-même de tout et qui ose vouloir mourir !!!

Pour l'emmener à la radio avant son opération, il l’a brutalisée en la prenant fermement par son bras cassé, et à ses cris, “vous me faites mal”, il a répondu sèchement: “c’est normal” !

il a bousculé les infirmières pour qu’elles aillent vite, sans aucune humanité, ma mère a été secouée comme un sac à patates, sans ménagement, ni paroles consolatrices, elle se plaignait d'avoir mal, tant pis pour elle !

au retour de la radio, il devait venir commenter le résultat et nous dire ce qu’il projetait de faire... eh bien non

par un chariot qui entre, on apprend que la dame vient préparer ma mère pour le bloc: pour quelle opération? et quand?

la veille, on parlait de l’opérer de l’épaule seulement, ils n'avaient pas vu la fracture de la hanche, le matin il parle de bander l’épaule seulement et d’opérer de la hanche, à quel saint se vouer?

à ma réaction, une infirmière est allée chercher le médecin qui a dit enfin ce qu’il allait faire, sans savoir si ce serait l’après midi ou le lendemain...

L’anesthésiste qui l'a opérée a bien promis de ne pas laisser ma mère souffrir, ce qui a été fait après l’opération, et la nuit (il était de garde), mais profitant de son repos, bien qu’il ait dit de l’appeler à tout moment si nécessaire, pour que ma mère ne souffre pas, les infirmières ont laissé ma mère répéter « j'ai mal », de 14h à 22h (je suis arrivée à 19h et elles n'ont pas appelé le médecin)...

Mais c'est le chef de service qui commande et pas l'anesthésiste... , passée l'opération...

 

Au bout de 8 jours, on lui envoie quand même un gériatrequi la questionne en supposant par avance une démence sénile... il ne veut pas croire qu'elle était totalement autonome avant sa chute et ses fractures... ma mère s'est énervée de ces questions qu'elle trouvait stupides et de sa méfiance sur son état de conscience, excellent.

Il a remarqué sa toux incessante et diagnostiqué (à distance, aucune auscultation) une bronchite, « expliquant son anémie »... d'où antibiotiques...

Le lendemain, arrivant à midi, j'apprends qu'elle a mal au bras depuis la veille au soir, ce médecin lui a retiré les antalgiques nécessaires...

sur ma réclamation, on lui donne un peu de morphine ou équivalent à 16h !!! un quart d'heure après, elle n'a plus mal...

 

Aucune visite de kiné depuis son opération...


Elle passe sa vie au lit, matelas anti-escarres au bout de 5 jours seulement,

on la lève un peu pour aller aux toilettes quand elles ont le temps, sinon, on l'oblige à faire ses besoins dans une couche, elle déteste çà, surtout quand elles viennent la nettoyer 1h et demi après..., moins pire, on lui passe le bassin...

on la lève un peu pour l'attacher dans le fauteuil, pour un repas sur deux, parce qu'elle veut se lever et partir de cet hôpital, où on la fait souffrir...

 

Ses souffrances morales sont très grandes, elle ne rêve que de mourir enfin et de rejoindre son mari au cimetière... mais je suis seule à l'écouter et je ne peux rien faire...

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