30 Juin 2014
L'acquittement du Dr Nicolas Bonnemaison et le cas de Vincent Lambert relancent le débat sur la fin de vie. Comment doit-elle être prise en charge ?
Entretien avec le Pr Bernard Lebeau, cancérologue et pneumologue.
Propos recueillis par Violaine Jaussent
Mis à jour le 29/06/2014 | 11:21 , publié le 29/06/2014 | 11:21
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« L'histoire du Dr Bonnemaison est une des sources d'inspiration de Bernard Lebeau, cancérologue et pneumologue, aujourd'hui à la retraite, pour son livre, L'euthanasieur (éd. Boîte à Pandore), paru en 2013. Dans cette œuvre de fiction inspirée de faits réels, le professeur imagine aussi la promulgation d'une nouvelle loi autorisant en France l'euthanasie active et le suicide assisté. ….....................
Justement, selon vous, quelles sont les faiblesses de cette loi relative aux droits des malades et à la fin de vie ?
La loi du 22 avril 2005, dite loi Leonetti, instaure un droit au "laisser mourir", qui permet aux médecins de pratiquer une euthanasie passive, et non active. Je pense que cette loi a permis d'énormes progrès. Mais elle ne va pas assez loin : la loi doit permettre de légaliser l'euthanasie. Attention, quand je parle d'euthanasie, je l'entends au sens premier du mot, au sens où le philosophe anglais Francis Bacon l'a employé en 1605. C'est lui qui a forgé le terme et mis en valeur l'idée de l'accompagnement du mourant par le médecin.
A l'origine, le mot "euthanasie" vient du grec thanatos qui signifie "mort", couplé au préfixe eu, "paisible" : c'est donc la "mort paisible".
Je ne suis ni pour ni contre « 'euthanasie » :
selon moi, c'est le devoir de tout soignant de rendre la mort paisible.
Partant de ce constat, je propose de légaliser l'euthanasie en créant un cadre législatif qui permet de contrôler rigoureusement sa pratique. Ainsi, on peut assouplir les conditions de validité des directives anticipées [Cette disposition prévue par la loi Leonetti permet à chaque personne de formuler par écrit ses souhaits relatifs à sa fin de vie concernant les conditions de la limitation ou l'arrêt de traitement]. Mais aussi prévoir des dispositions spécifiques pour les tétraplégiques inconscients comme Vincent Lambert, les tétraplégiques conscients mais dans l'incapacité physique de se donner la mort alors qu'ils le souhaitent, les personnes très âgées, les enfants atteints d'une maladie incurable comme le prévoit la loi belge et les personnes atteintes de maladies neurodégénératives.
Sur ce dernier exemple, mon vécu m'a conforté dans mes convictions. Ma belle-mère, atteinte de la maladie d'Alzheimer, a vécu une lente agonie de 27 jours.
Pourtant, le personnel a appliqué la loi Leonetti : il a arrêté son alimentation et l'hydratation pour la laisser mourir, tout en soulageant modérément sa souffrance physique, mais en ignorant sa souffrance morale.
C'est un exemple qui prouve que la société n'est pas capable d'aider certains patients.
Mais une loi peut-elle apporter toutes ces solutions ? Le médecin n'est-il pas inexorablement seul face à l'agonie de ses patients ?
Lorsqu'on est médecin, on n'aime pas voir "ses" malades mourir.
Notre vocation, c'est de guérir les patients. »
Je ne suis pas d'accord, la guérison n'étant pas toujours possible, la vocation des médecins est de soulager les souffrances tant morales que physiques, et d'être au service de ceux qui demandent leur aide pour vivre d'abord; et pour mourir ensuite, lorsque la mort s'annonce proche ; guérir seulement quand c'est possible.
« On ne devrait pas parler de faire mourir ou de laisser mourir dans ces cas-là, mais D'AIDER ET D'ASSISTER JUSQU'À LA FIN. Cette notion primordiale doit être mieux enseignée en faculté de médecine.
L'intérêt, c'est de réconcilier tous les acteurs en les respectant : les soignants, les patients, la famille. C'est pour cela qu'il faut réunir tout le monde autour de la table pour écrire une loi, ne pas se contenter de "réformette". Le gouvernement a confié le 21 juin une nouvelle mission sur la fin de vie aux députés UMP Jean Leonetti et PS Alain Claeys. C'est un pas de fourmi. Tous les jours, des patients meurent mal. Arrêtons au plus vite leur souffrance.
Dans votre livre, vous imaginez un nouveau métier, le "praticien de fin de vie". Pouvez-vous en dire plus ?
J'aimerais créer ce métier pour confier la prise en charge de la fin de vie d'un patient à une personne en particulier, afin d'éviter tout problème éthique aux médecins. En effet, le serment d'Hippocrate et le Code de déontologie médicale stipulent que les médecins ne doivent "jamais provoquer la mort délibérément". De fait, en France, la moitié des médecins refusent de donner la mort. » …..............
pour moi :
çà ne veut rien dire concernant les mourants.
On ne peut pas « provoquer la mort » chez quelqu'un qui est déjà en train de mourir : c'est la vie qui le fait mourir, pas le médecin, qui peut seulement ou non soulager les souffrances de l'agonie.
Je suis totalement opposée à des spécialistes de la mort, pas plus en soins palliatifs interdisant la mort, que aptes à aider à mourir.
La mort n'a rien de spécial, elle touche tout le monde, alors tous les médecins doivent pouvoir apporter leur assistance à ceux qui ne veulent plus souffrir (moralement du moins) et même à ceux qui veulent appuyer sur la touche étoile (benoîte groult).
« Pour revenir à un exemple plus concret, en Belgique, les patients endurant des souffrances insupportables et atteints de maladies incurables peuvent bénéficier de l'euthanasie. Au moins deux médecins doivent être consultés et le patient doit formuler sa demande de manière réfléchie et répétée, libre de toute contrainte. Ce qui prouve que cela peut fonctionner. Et surtout, que certains professionnels de santé, avec l'expérience, considèrent qu'accepter de tuer quelqu'un pour le soulager est un acte d'amour. »
Pour moi,
ce n'est en aucun cas « tuer », c'est la vie qui tue !
c'est accompagner la mort dans son œuvre, ce n'est pas pareil,
c'est aider et assister jusqu'au bout.