30 Juin 2014
http://www.atlantico.fr/decryptage/deux-impostures-debat-euthanasie-1640620.html
je constate : Impossible de relire une deuxième fois le texte sans être abonné. Impossible aussi d'y répondre sur le site. Payez d'abord, on verra ensuite. Donc pour être informé de tout, payez tous les journaux ! Mais mon budget ne me le permet pas.
Le texte de Charles Beigbeder reprend les arguments ressassés et faux à mon sens d'une presse catholique dite anti-euthanasie, ou plutôt anti-liberté de conscience, anti-égalité.
Il veut revenir en arrière et considérer alimentation et hydratation artificielle comme non traitement et obligatoire.
Car la mort des riches et puissants et celles de pauvres et ignorants n'est pas la même : les riches choisissent, les pauvres subissent.
Un prêtre à Béziers a osé me dire que c'était normal, que cela était de tous les temps... Habituel, et soutenu par l'Eglise qui est proche des puissants, de tous temps, certes, mais normal, sûrement pas !
Contre l'égalité en droit des citoyens de la République !
CB attaque le lobbie pro-euthanasie que représente l'admd, certes trop agressive à mon goût.
Pour C Beigbeder, « l'euthanasie est un meurtre compassionnel décidé par le médecin ».
Pour ceux qu'on dit pro-euthanasie, l'euthanasie est simplement la mort douce des grecs anciens, soit naturelle, soit provoquée par la personne-elle même (sorte de sui-cide : je me tue moi-même) aidée éventuellement par un tiers, médecin ou non, d'une façon ou d'une autre, plus ou moins rapide.
De quelles idées philosophiques s'inspirent ceux qui veulent décider de leur mort ?
Vouloir mourir en douceur, sans souffrances, dans son sommeil ou en pleine activité.
Vivre sa vie jusqu'au bout conscient de soi-même.
Pouvoir être maitre de sa vie jusqu'au bout, de pouvoir décider de sa mort.
Ce serait prométhéen, ce serait faire fi des autres, alors que c'est le contraire :
La plupart de ceux qui décident de leur mort le font en voulant éviter à leurs proches la souffrance de les regarder mourir lentement : pour eux c'est rester digne de soi-même que d'offrir à leurs proches une dernière belle image de soi, plutôt qu'une image de dégradation et de souffrances (morales a minima), une image de longue agonie.
Je ne crois pas à une dignité intrinsèque qui distinguerait, à tort pour moi, humains et autres animaux : Pour moi, l'être humain est d'abord un mammifère comme d'autres, même si l'homme occidental est persuadé d'être au dessus des autres, par son cerveau. Qui l'affirme ? Lui-même.
Qui m'interdirait ma liberté de pensée ? De quel droit ?
Ce n'est pas un droit, c'est une dictature de la pensée de ceux qui croient la vie « sacrée », venant d'un dieu auquel ils croient, dieu qui envoie les hommes en enfer ou en paradis, et veulent imposer leurs idées aux autres.
Je remarque que CB critique François de Closets (que j'approuve totalement) pour ses idées sur la vie et ses idées sur la conception théocratique des opposants à la fin de vie choisie (je n'aime pas ce mot euthanasie, dont la définition diffère selon les personnes), en disant que ce n'est pas totalement faux ! (euphémisme pour dire que c'est vrai?)
Je respecte leurs idées, mais je leur demande de respecter les miennes :
Pas de vie sacrée dans un monde qui encourage les guerres d'intérêt, et les massacres entre hommes et femmes.
Pas de vie sacrée dans un monde de guerres de religions, où chacun veut imposer son point de vue aux autres.
Pas de vie sacrée dans un monde qui développe la haine de l'Autre.
Pas d'enfer ni de paradis après la mort, juste le retour à la poussière, aux atomes désintégrés.
Rien de « sacré » pour moi, restent le respect et l'entr'aide naturelle entre êtres humains.
Les droits de l'Homme (et de la femme) disent :
Que chacun a le droit de vivre, donc de travailler pour avoir de quoi vivre matériellement, d'avoir un logement décent et de pouvoir se nourrir, et nourrir ses enfants (loin d'être réalisé sur terre et même en France).
Que chacun a droit à sa liberté de conscience, de croyances, et doit respecter celle des autres (pas de guerres d'intérêts ni de religions! c'est une théorie, pas la pratique humaine).
Que chacun est maitre de sa vie, donc qu'il a droit au suicide, non condamnable.
Que chacun ait droit à se suicider n'implique pas que les médecins doivent aider au suicide, évidemment.
Mais dans quel cas un homme ou une femme veut-il se suicider ?
Par désespérance passagère, alors qu'il est en bonne santé physique, mais chagrin d'amour, perte de travail, harcèlement, … le font déprimer : ces désespérances se soignent souvent et il n'est pas question alors d'une aide médicale autre que celle qui permettra de poursuivre la vie.
Mais aussi par désespérance normale, alors que sa santé est telle qu'il sait qu'il va mourir bientôt, mais qu'il refuse la souffrance morale de se voir gravement diminué, de vivre ainsi, dans un lit (d'hôpital le plus souvent) le reste de ses jours, (chacun a ses limites, différentes de l'un à l'autre) et qu'il refuse des soins qui prolongeraient sa vie, alors que sa vie n'est plus qu'agonie.
Je n'ai jamais rencontré quiconque en bonne santé physique et morale qui souhaite mettre fin à ses jours !
Alors que la médecine ne peut plus le faire vivre dans les conditions qu'il souhaite, que la mort est en route, pourquoi refuser d'aider vers un suicide doux demandé plutôt que de le pousser à un suicide violent d'abord pour les autres, ceux qui restent.
Car alors tel est le choix de la personne :
suicide violent, par les moyens connus : arme à feu, pendaison, etc... toutes plus horribles les unes que les autres, ou
mort douce avec des médicaments (ordonnance médicale indispensable chez nous) qui endorment jusqu'à la mort, et ce sans faire durer le sommeil artificiel des jours et des semaines, mais en allant vite (plus ou moins, sédation plus ou moins lente ou acte plus rapide)
La médecine n'est pas une science mais un art, même si elle utilise désormais des techniques sophistiquées pour empêcher la mort, et que ces techniques permettent de faire vivre artificiellement un corps humain pendant 20 ans ou plus, mais pourquoi ?
Dès lors que le cerveau est détruit irrémédiablement, et que la personne restera dans un état grabataire – sans mouvement possible-, et sans communication possible avec autrui, cela n'est plus une vie humaine, mais une vie artificielle de cobaye de la science.
Ne pas oublier que la définition actuelle de la mort est la mort cérébrale.
Malgré les affirmations des grands pontes, les gens souffrent toujours malgré les progrès de la médecine, souffrances physiques insolubles et surtout souffrances morales (de se voir dans cet état) impossibles à soulager.
CB dit : qui fixera le curseur du seuil de l’intolérable ?
Évidemment, LA PERSONNE ELLE-MÊME ET NULLE AUTRE.
Se préoccupera-t-on de développer LES SOINS PALLIATIFS ?
BIEN SÛR QUE OUI, mais par les médecins généralistes, plus proches de leurs malades que les hospitaliers, sans passer par les grands pontes soi-disant spécialistes de la mort (quelle horreur!)
On se demande pourquoi ces soins n'ont pas été développés depuis la circulaire Laroque, 1985 !, qui les imposait pourtant à tous les soignants, médecins et infirmiers et demandaient la formation de tous.
Pourquoi ont-ils été confiés à des soi-disant spécialistes de la mort, médecins hospitaliers, alors que nous sommes tous mortels, les médecins aussi ?
La mort n'a rien de particulier, elle touche tout le monde.
Et pourquoi, en France 80% meurent à l'hôpital alors que 80% veulent mourir chez eux ?
CB dit : « Vient ensuite la question du consentement. Peut-on concevoir qu’une personne demande librement la mort ? impossible de se projeter dans une situation tant qu’on ne l’a pas expérimentée. »... « une personne, à l’agonie, en vient à demander la mort ». Doit-on considérer que son consentement est libre ou bien peut-on admettre qu’il est « violenté » par l’extrême douleur que la personne éprouve ? »
Ce n'est que votre avis, l'expérience montre le contraire. On a pu expérimenter l'agonie en la suivant chez un autre. L'expérience de la mort ne peut être que celle de la mort des autres : la sienne, on n'en saura jamais rien.
Pourquoi confondre volontairement les mots « consentement » (à une idée qui vient d'un tiers!) et « demande » de l'intéressé ? (libre, car c'est mon idée depuis toujours), c'est un contre-sens !
Pourquoi penser que la demande de mort est nécessairement liée à la douleur forte ?
C'est faux, la demande de mort est liée d'abord à une philosophie de vie et à la souffrance morale de ne pas être écouté, entendu. Il n'y a pas nécessairement de douleurs physiques non soulagées.
C'est à cause de la souffrance de se voir obligé par d'autres de vivre dans un état de santé déplorable et que nul ne peut améliorer, car la mort est en route, qu'on refuse cette vie là et qu'on demande une aide pour mourir selon son choix.
CB dit : « L’alimentation et l’hydratation, mêmes artificielles, sont des besoins humains fondamentaux et universels, et ne peuvent être considérées comme des traitements médicaux auxquels il pourrait être mis fin sous certaines conditions, pour éviter tout acharnement thérapeutique. »
C'est évidemment faux.
Pourquoi nourrir de force un corps mourant qui n'a pas faim ? Pourquoi l'hydrater de force ?
C'est pour moi un attentat sur la personne que de vouloir l'empêcher de mourir à n'importe quel prix, prix de la souffrance psychologique imposée à tous, prix de soins aux coûts élevés alors qu'on refuse de soigner les indigents, ceux qui ne peuvent pas payer les soins ? Grand scandale de notre époque !
Autant il est normal d'aider à se nourrir et à boire ceux qui ont besoin d'aide parce qu'ils ne peuvent pas faire eux-mêmes leurs repas, se déplacer pour aller chercher de l'eau, mais qui sont capables de manger et boire,
autant il me semble anormal, voire idiot (manque total de bon-sens), de forcer des gens qui le refusent à être alimentés et hydratés par sonde et tuyaux, alors qu'ils sont en train de mourir, et que la médecine ne peut plus rien faire.
L'alimentation et l'hydratation artificielles n'ont de sens que dans un état de santé provisoire, suite à opérations, dont l'espoir de guérison est réel. Pas pour entretenir la vie d'un « cadavre ambulant » (terme de H Caillavet).