26 Juillet 2014
LETTRE OUVERTE À CEUX QUI FONT LES LOIS
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les députés, les sénateurs,
APPEL POUR MODIFIER LES LOIS QUI GERENT NOTRE SYSTEME DE SANTE, NOS FINS DE VIE, et LE SUICIDE .
la loi dite Leonetti, vieille de 2005, toujours non appliquée, ou mal appliquée, devrait modifier son titre (loi relative aux droits des malades et à la fin de vie) et devenir
une loi définissant les droits de tous les usagers dans le système de santé, donc les relations entre professionnels et usagers, sans distinguer cours de la vie et « fin » de vie, dont nul ne sait précisément quand elle commence, si tous savent quand elle finit...
Nous voulons un système de santé au service des citoyens.
Nos droits de citoyens varieraient-ils en fonction de notre âge et de notre état de santé ? Disparaient-ils avec un mauvais état de santé ? Pourquoi ce titre en 2005 qui sépare artificiellement la vie et la fin de vie (mal définie)?
les lois concernant le suicide et la non-assistance à personne en danger, qui ne devraient pas nuire à l'aide au suicide, ni à la liberté du suicide, du moins dans certaines conditions (pour des personnes qui vont mourir bientôt, avec ou sans aide, et qu'on pousse ainsi trop souvent à des suicides violents, faute de mieux, insupportables pour les proches).
Croyez-vous sincèrement qu’une personne, parce qu'elle est arrivée au bord du Styx (de la mort), ait besoin de l’avis éclairé de plus de 2 médecins ? Trouvez-vous normal que ces médecins aient le droit de décider à sa place de ce que va devenir le reste de sa vie ?
Il s'agit de sa vie, de sa santé, de son agonie, C'EST À ELLE SEULE (ou SA PERSONNE DE CONFIANCE) DE DÉCIDER DE SA VIE, selon ses croyances et sa façon de vivre, selon ses volontés écrites dans ses directives anticipées.
L'avis raisonné de 2 médecins sur son état de santé et sur les espoirs éventuels d'amélioration semble bien suffisant, sauf si ELLE demande un avis complémentaire.
Car les médecins ne peuvent parler que de cela : diagnostic, pronostic, soins envisageables, c'est leur métier, comme de proposer tel ou tel médicament qui leur paraît nécessaire.
Ce n'est pas à la Justice de décider quel médicament le médecin va utiliser dans chaque cas particulier. Tout médicament en vente n'est pas interdit.
Les médecins n'ont pas le droit de s'ingérer dans nos idées sur notre vie et notre dignité, et de décider à notre place, pas plus que nos familles (de quels membres de la famille s'agit-il?).
Ils gardent tous le devoir d'accompagner la personne en tenant compte de son environnement social et familial, d'être à son écoute, et de ne pas laisser souffrir - sauf demande expresse- (pas de soins palliatifs en service spécialisé, tous les médecins devraient être aptes à donner les soins dits palliatifs, fin de vie ou pas), de refuser tout acharnement inutile (pas de coma végétatif de plus d'un an, on sait qu'il n'y a alors plus d'espoir raisonnable, pas de traitement, d'opération qu'on sait par avance inutiles voire nuisibles, toujours pratiqués actuellement).
Çà s'appelle soins palliatifs.
Il ne sert à rien de développer des SP hospitaliers, et de faire de la mort une spécialité, ce n'est pas ce que les gens demandent. Ils préfèrent majoritairement mourir chez eux, avec leur médecin habituel.
Il s'agit de faire que TOUS les médecins (généralistes et hospitaliers) développent l'accompagnement et les soins palliatifs, lorsque le curatif n'est pas possible.
La personne qui
a rédigé en conscience ses « directives anticipées », volontés pour sa fin de vie dans notre système de santé,
les a renouvelées régulièrement,
les a confiées à ses médecins habituels et à la personne de confiance qu'elle a désignée, en accord avec elle, voire aux membres de sa famille qu'elle a souhaité prévenir,
n’en aurait pas fait assez pour que ses volontés soient respectées ? Ce ne serait pas encore suffisant ? Pourquoi, pour quoi ou pour qui ? dites- moi !
Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs, députés et sénateurs,
Ces personnes qui disent être « personnellement farouchement opposés à « l’euthanasie » ne sont pas de bon conseil : un statut de médecin ou d'ancien médecin ne suffit pas à les rendre raisonnables.
Mais que mettent-ils sous le mot « euthanasie » tant décrié ?
Comme tous les opposants, au lieu de penser à la « bonne mort » grecque, qui soulage des souffrances de l'agonie, ils pensent « meurtre » dès qu'on ne prolonge pas la vie de quelqu'un, même contre son gré, même déjà mourant, même souffrant l'insupportable pour lui.
Ce sont des gens qui refusent l'idée même de la mort, conséquence pourtant inévitable de la naissance de la vie.
Lobbies financiers ou religieux :
Tous ceux qui bénéficient de « l'or gris » et des bénéfices des acharnements curatifs ou palliatifs (argent, emplois, mais aussi recherche) veillent tout simplement à leurs intérêts propres.
De plus, certains veulent imposer leur vision religieuse de la vie aux autres, ou leur « foi » en une Science déifiée.
Cela est contraire à l'idée même de la République française, où chacun est censé respecter les idées religieuses et philosophiques des autres, quelle que soit sa religion ou son absence de religion :
c'est l'idée de la laicité 1905, où seul le respect de l'Autre peut assurer la paix sociale.
Monsieur le Président, vous vous étiez engagé : « Je proposerai que toute personne majeure en phase avancée ou terminale d’une maladie incurable, provoquant une souffrance physique ou psychique insupportable, et qui ne peut être apaisée, puisse demander dans des conditions précises et strictes, à bénéficier d’une assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité. »
Faites voter une telle loi, Monsieur le Président, que plus de 90 % de vos concitoyens souhaitent.
Nous attendons depuis déjà 2 ans. Trente ans et plus que les commissions rendent des rapports, que les sondages donnent ce changement de loi attendu de la population, que faut-il attendre de plus ?
Pouvoir demander ne nous suffit pas. Il faut être sûr de pouvoir obtenir, donc d'être respecté dans ses volontés de vie, quelles qu'elles soient, et ce jusqu'au bout de la vie.
TANT QUE NOS DIRECTIVES NE SERONT PAS OPPOSABLES, BEAUCOUP JUGERONT INUTILE DE LES RÉDIGER.
MONSIEUR LE PRÉSIDENT, vous avez demandé aux mêmes médecins de changer cette loi Leonetti, qu'ils ont écrite en 2005, tellement bonne que personne ne sait l'appliquer.
N'AYEZ PAS PEUR DE CHANGEZ, CHOISISSEZ UNE FEMME, NON MÉDECIN, et pourquoi pas la ministre de la santé, Marisol Touraine?
POUR SORTIR DE CES QUERELLES qui n'en finissent pas, de ces discours pour ou contre « euthanasie » complètement bloqués.
NE CRAIGNEZ PAS DES DÉBATS HOULEUX, ILS SERONT NÉCESSAIRES.
N'OUBLIEZ PAS QUE LE BUT EST D'AMÉLIORER LES CONDITIONS DE VIE DE CHAQUE CITOYEN, JUSQU'À SA MORT.
N'oubliez pas que ce sont LES FEMMES LES PREMIÈRES VICTIMES des agonies horribles que nous avons tous rencontrées.
Majorité de femmes en EHPAD, arrivées là avec ou non leur accord réel (comment dire non à des enfants qui ne peuvent pas s'occuper d'elles?)
Encore une énorme inégalité entre femmes et hommes.
LE PRINCIPE DÉMOCRATIQUE EST LA PRISE DE DÉCISION À LA MAJORITÉ, PAS À L'UNANIMITÉ.
L'idée de consensus qui vise 100% est une aberration, qui empêche tout mouvement. Toute vie, toute politique est mouvement.
Les lois sur la contraception et l'avortement libres ont été défendues et rendues possibles par une femme, à qui nous devons une reconnaissance éternelle.
Trop de femmes sont mortes ou se sont retrouvées mutilées suite à des avortements clandestins puisqu'interdits.
Seule une contraception connue de tous et bien comprise permet de diminuer le nombre des avortements.
Un enfant refusé est un le plus souvent un enfant abandonné voire maltraité.
La suppression de la peine de mort, comme les lois sur l'avortement et la contraception n'ont pas fait l'unanimité, la punition de mort paraît quelquefois juste pour ceux qui ont tué, c'est la loi du Talion, mais comment éviter les erreurs judiciaires ? Impossible, et alors, nul recours pour le malheureux condamné à tort et déjà tué.
Aucune loi n'a fait l'unanimité, même pas la loi Leonetti malgré les dires. Loi qui a fait tellement de consensus que personne ne l'applique.
Jacqueline Salenson, militante pour des fins de vie selon son choix, pour un système de santé au service des citoyens.