3 Août 2014
Ma réaction (en bleu) à cet article, signé Rémy Beurion.
http://www.leberry.fr/cher/actualite/2014/07/31/ladmd-demande-une-loi-pour-legaliser-l-euthanasie-et-le-suicide-assiste_11098005.html
« L’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) réagit au témoignage paru mercredi 23 juillet dans nos colonnes à propos de l’euthanasie. Dominique Cazal, d’Argent-sur-Sauldre, sera désigné en septembre prochain délégué du Cher de l’ADMD. Il répond à nos questions et raconte les raisons du combat de cette association nationale qui compte, dans le département, plusieurs centaines d’adhérents. »
QUE D'ERREURS...
Viennent-elles de l'admd via ce futur délégué (comment peut-on être un futur délégué, pas encore nommé? comment se font les nominations???) ou des notes du journaliste, pas très au courant ? D'un vocabulaire non maîtrisé ? Je ne sais pas.
Mais je pense que mon commentaire vaut la peine d'être lu : j'ai l'expérience de 6 ans de délégation admd, dont 4 administratrice, démissionnaire depuis septembre 2013, et membre du comité de création de l'association AAVIVRE … sa fin de vie, avec Pascal Landa, fils du créateur de l'admd et de nombreuses années administrateur, pour revenir aux idées fondamentales de son père.
Je suis peut-être un peu longue à lire, mais j'essaye de réfléchir et de remettre les choses en place.
Je cite :
« Que demande l’ADMD ?
Nous cherchons à obtenir une loi pour légaliser l’euthanasie et le suicide assisté ainsi qu’un accès universel aux soins palliatifs. »
« Quelle est la différence entre l’euthanasie et le suicide assisté ?
L’euthanasie est pratiquée par le secteur médical. Pour le suicide assisté, les médecins fournissent à la personne la médication nécessaire pour organiser sa fin de vie dans la dignité. »
En réalité, pas de différence de conception (très bien expliqué depuis plusieurs années par le Dr Senet – voir article dans mon blog):
Dans les deux cas, celui ou celle qui va mourir est seul demandeur, librement, de par sa volonté dite et/ou écrite préalablement, d'une mort plus rapide, pour éviter des souffrances qu'il (elle) juge inutiles pour mourir.
Dans les deux cas, un médecin fournit le médicament adéquat, qui peut être différent selon les personnes et leur état de santé.
Différence dans l'acte, selon l'état de santé du mourant:
si le mourant peut rendre seul le médicament, on parle de suicide assisté,
sinon, le médecin étant obligé d'injecter le médicament, on parle d'euthanasie.
La seule différence est dans le vocabulaire, que peu connaissent bien, l'admd ne donnant pas aux mots le même sens que ses opposants.
l'admd parle d'euthanasie lorsque le malade ne peut pas prendre le médicament seul et que le médecin lui injecte, elle parle de suicide assisté lorsque le malade prend seul le médicament : on devrait alors parler d'aide au suicide (qui ne peut pas être interdite, puisque le suicide est une liberté républicaine, mais on a dévié les lois pour l'interdire, d'une part sous prétexte pour les médecins du serment d'Hippocrate, qui pourtant change très régulièrement et n'est en rien un texte de loi républicaine, d'autre part par les lois prises contre le suicide et pour la non-assistance à personne en danger).
Je cite :
« Cela n’existe pas encore en France mais il y a la loi Leonetti.
Cette loi Leonetti permet d’aider un patient à mourir mais en supprimant tout arrêt des soins. »
NON, erreur ! La loi Leonetti dit :
le médecin doit arrêter soins et traitements inutiles (pas d'acharnement) et soulager les souffrances (morales et physiques) de l'agonie en assumant le risque d'abréger la vie.
Evidemment, c'est un euphémisme ou de l'hypocrisie : tout le monde sait que non seulement le risque existe, mais que, en cas de très grandes souffrances, même seulement morales, le seul moyen de supprimer la souffrance de se voir mourir à petit feu sous les regards impuissants des soignants et des proches, est de mourir vite, en s'endormant, donc de forcer la nature en accélérant le processus du mourir (déjà en route), au lieu de tout faire pour le ralentir.
« La mort peut intervenir plusieurs jours voire plusieurs semaines par manque d’hydratation et par manque d’alimentation. C’est une fin inhumaine. »
Non, la mort vient parce qu'elle doit venir.
Si on ne peut plus manger ni boire, on ne meurt pas de faim ni de soif (rarement ressenties comme souffrance par un mourant, qui n'a plus ni faim, ni soif), on meurt parce que la vie s'arrête un jour ou l'autre et que ce jour est venu.
Fin inhumaine, lorsque l'on laisse l'agonie durer trop longtemps, ou qu'on la prolonge, ce que fort heureusement seuls des médecins fanatiques infligent à leurs patients !
fanatiques religieux et fanatiques de la Science (ils oublient que la médecine n'est pas une science exacte, malgré des outils techniques de plus en plus performants -et ruineux-) , fanatiques de « la vie à n'importe quel prix, tant moral que financier » :
prolonger la vie artificiellement coûte cher à la société, c'est normal lorsque la vie reviendra ensuite, acceptable, mais pourquoi si c'est seulement prolonger l'agonie ?
N'oublions pas que de nombreux médecins ont soutenu le Dr Bonnemaison, que de nombreux médecins (1000) avaient à l'époque soutenu le médecin de Périgueux qui s'accusait elle-même, parce qu'elle avait laissé son infirmière faire la piqûre à sa place et avait tellement peur de voir cette dame condamnée, qu'elle réclamait la condamnation pour elle, et avaient signé la déclaration lancée par le Dr Labayle sur le Nouvel Obs, disant que eux aussi pratiquaient l'aide à mourir sans souffrances (ou dignement, mot contesté à l'heure actuelle par ceux qui confondent le sens du mot « dignité » avec la différence entre humain et animal, ce n'est pas pour moi le sens de ce mot, mais...). Des pétitions circulent entre médecins pour soutenir le Dr Bonnemaison.
La plupart des médecins approuvent l'idée de soulager les souffrances de l'agonie, quitte à aider à mourir plus vite si la personne le souhaite. Mais beaucoup ont peur des dénonciations devenues courantes des pro-vie, et de la loi actuelle, floue et qui n'a pas prévu son application.
« Qu’est-ce qui bloque, en France pour qu’une telle loi soit enfin votée ?
Les politiques ! Le programme de François Hollande, du moins l’une de ses directives, indiquait qu’il allait légiférer sur l’euthanasie et le suicide assisté. Or c’est M. Leonetti, très conservateur et anti-euthanasie, qui est chargé de revoir sa loi… Ce qui bloque également en France, c’est l’environnement moral et religieux. »
Je ne pense pas que ce soit les politiques qui bloquent, ni F Hollande ni J Leonetti, même s'ils visent plus leur carrière que l'intérêt des citoyens, ce sont à mon avis plutôt les lobbies
lobbies pharmaceutiques qui s'enrichissent sur les vies prolongées
lobbies de certains médecins qui font des fortunes sur l'acharnement médical et les EHPAD, et ceux qui veulent garder la main-mise sur leurs « patients »,
lobbies religieux qui veulent faire croire que la vie d'un agonisant a plus de prix que celle du jeune soldat qu'on envoie à l'abattoir, béni de Dieu (ou plutôt des prêtres qui soutiennent les guerres), et refusent aux humains la liberté du suicide, préférant les moutons qui les suivent aux individus responsables...
Les politiques sont faibles face au business de l'agonie, à cet « or gris » dont on parle !
« La crainte d’un manque de contrôle ne freine-t-il pas la future législation ?
L’euthanasie et le suicide assisté se pratiquent dans un certain nombre d’autres pays comme la Belgique, le Luxembourg, les Pays-Bas, la Suisse. Ce qui s’y pratique est parfaitement réglementé. Il existe un observatoire de la fin de la vie et dans les pays où cette loi existe, il n’y a aucun abus. »
Certains agitent volontairement les peurs comme autant de freins au changement, dans tous les domaines. Je n'affirmerais pas qu'il n'y a aucun abus au Benelux, mais si on prouve un abus constaté, la sanction est prévue dans la loi et appliquée.
La loi Leonetti ne prévoit pas de sanction en cas de non-application et elle est assez floue pour permettre des interprétations variées.
Ce qui fait son inefficacité : pas claire et aucune obligation de l'appliquer !
« Que vous inspire la relaxe du médecin Bonnemaison (accusé d’avoir pratiqué l’euthanasie) ?
Il a fait cela en son âme et conscience. Mais le problème est qu’il l’a fait sans le consentement des patients. Or, nous demandons le droit de mourir mais en le choisissant soi-même. On ne peut pas demander aux médecins de prendre la décision pour nous. Or, c’est exactement ce qu’a fait le Dr Bonnemaison. »
FAUX. Ce n'est pas du tout ce qu'ont jugé les jurés.
Ils ont conclu qu'il avait été ACCUSÉ À TORT, il ne faut pas l'oublier, c'est ce que signifie l'acquittement !
Comme l'a dit LE DR BONNEMAISON, IL N'A PAS FAIT D'EUTHANASIES (meurtre décidé par le médecin), il a en son âme et conscience arrêté les soins et soulagé les souffrances prévisibles de l'agonie, en consultant ceux de la famille qui étaient là, et des collègues, ce qui est parfaitement légal.
Il a eu le tort administratif de ne pas consigner tous les entretiens (ne pas oublier qu'il exerçait dans un service d'urgence, où s'occuper des malades prime sur la paperasse), et par rapport à certains médecins, d'employer parfois des médicaments que certains ont dit à tort interdits, puisque disponibles en pharmacie d'hôpital. Médicaments qui empêchent les convulsions et les râles de l'agonie.
Certains (pro-vie et autres fanatiques) se sont scandalisés en disant que ce n'était que pour le confort des proches, affirmant (sans rien en savoir) que le malade dans le coma ne sentait rien... (personne ne sait ce que la personne agonisante et comateuse ressent, de nombreux médecins me l'ont confirmé).
Je rappelle que ces soins palliatifs dont on parle beaucoup plus qu'on ne les pratique, consistent à entourer la personne et ses proches, donc soulager les souffrances tant de celui ou celle qui meurt que des proches qui abordent le deuil.
Je ne souhaite à ces fanatiques comme mal que de subir l'agonie, râles et convulsions de quelqu'un qu'ils aiment pendant des jours et des jours, sachant que seule la mort est au bout.
Çà m'est arrivé pour mon père, 99 ans, c'est atroce, une souffrance inutile d'une semaine pour moi, sa femme, son fils, et pire, de plusieurs semaines pour d'autres.
« Comment faire alors ?
Nous demandons aux personnes de donner des directives anticipées, avec la signature de personnes de confiance, famille, amis, médecins. Nous collectons ces signatures et ces directives sont accessibles aux médecins. »
ATTENTION :
LES DIRECTIVES ANTICIPÉES légales sont l'expression de la volonté de chacun quant aux soins qu'il désire ou refuse avant sa mort ,par rapport évidemment à sa philosophie de vie.
Volonté qui peut être de voir sa vie prolongée au maximum, ou au minimum, voire de l'abréger en cas de trop grandes souffrances, volonté qui peut être de décider du jour et de l'heure de sa mort ou non.
Volonté qui peut être aussi d'assumer la souffrance.
Volonté qui peut être de mourir seul ou avec l'accompagnement de son choix.
Chacun est différent et souhaite une fin de vie, une mort différente.
LA SEULE SIGNATURE NÉCESSAIRE EST CELLE DE L'INTÉRESSÉ(E).
Elles sont avantageusement complétées par l'écrit de la NOMINATION D'UNE PERSONNE DE CONFIANCE.
Le fait que l'admd archive les directives qu'elles reçoit, trop souvent stéréotypées (questionnaire à remplir) , ne donne pas aux médecins l'obligation de les demander. C'est une illusion.
« Oui mais la loi n’existe pas. » « laquelle? »
« C’est aussi valable pour les soins palliatifs.
Ces directives sont signées et contresignées aussi pour que les personnes de confiance attestent que cette directive a été prise alors que la personne en était encore capable.
Ce document est révisable tous les deux ans parce que bien sûr, on peut changer d’avis. »
NON, les « directives anticipées » sont à renouveler tous les TROIS ANS !
On peut évidemment changer d'avis à tout moment et les réécrire autrement.
La personne de confiance peut être nommée sans réitération, et changée aussi à tout moment.
« Faudra-t-il une révolution culturelle profonde ou avez-vous bon espoir ?
Nous continuons à nous battre. Nous allons organiser notre trente-quatrième congrès à Strasbourg (Bas-Rhin) au mois de septembre et organiser une grande rencontre à Paris en octobre. »
La révolution culturelle (est-ce vraiment une révolution récente ? ) a eu lieu depuis la Révolution française et les Républiques qui ont suivi, qui ont permis aux individus d'être libres et responsables de leur vie, qui ont permis le suicide.
(suicide lourdement condamné auparavant par l'Eglise romaine : un suicidé n'avait pas le droit d'être enterré au cimetière -ils étaient alors tous catholiques romains-, son héritage était capté par la royauté soumise au clergé, sa famille pouvait être excommuniée, ce qui vous mettait à l'époque au ban de la société. )
Ce n'est plus un dieu qui décide de nos vies, au travers des médecins, mais nous-mêmes, sauf pour certains croyants.
Toutes les associations : admd et issues de l'admd (Ultime Liberté, mouvment libre choix, AAVIVRE sa fin de vie), et les associations laïques de façon plus générale luttent pour faire entrer çà dans nos lois de santé. (laïcité 1905!)
Le CISS (collectif d'associations de santé) réclame aussi depuis son existence que
LE CITOYEN SOIT REMIS AU CENTRE DU SYSTÈME DE SANTÉ, LIBRE DE SES CHOIX DE SOINS, au cours de sa vie et au moment de sa mort.
Ensuite, à chacun son choix ! (y compris de s'en remettre à son dieu et/ou à ses médecins)
« Vous demandez aussi un accès universel aux soins palliatifs, c’est-à-dire ?
Que les soins palliatifs soient accessibles à tous, soit dans tous les hôpitaux, soit qu’ils soient de proximité, à domicile pour des personnes qui ont décidé de mourir chez elles. »
Nous (AAVIVRE) demandons que tous les médecins généralistes puissent être responsables des soins palliatifs à la maison, sans passer par les services spécifiques hospitaliers. Comme l'a dit le Professeur Sicard dans son rapport.
L’euthanasie, n’est-ce pas incomber au seul corps médical la responsabilité de mourir ?
C'est le contraire !!!
dans l'euthanasie au sens admd, la responsabilité de mourir un peu plus tôt que la nature, avec l'aide de la médecine, est uniquement celle du mourant, donc
la responsabilité du médecin pr rapport à la mort est entièrement dégagée.
Sa seule responsabilité est de donner diagnostic et pronostic corrects -son métier- par rapport à l'état de santé incurable, et d'écouter son client/patient, de le conseiller et ensuite de suivre ses volontés exprimées. Pas de décider des soins à donner ou pas, de l'aide à mourir ou pas.
« Un récent sondage réalisé par Ipsos fait état que 60 % des médecins sont pour l’euthanasie.
Dans une structure hospitalière, il y a forcément des médecins qui seront pour et d’autres qui seront contre. Pas question de forcer ces derniers. »
Et même hors des structures hospitalières !
« En optimiste, quand pourrait être votée la loi sur l’euthanasie ?
Normalement, la loi devrait être votée avant la fin de la mandature de François Hollande. »
Y a-t-il une norme ???
Plus de 90% des citoyens veulent que leur vie ne soit plus soumise à d'autres, diktats religieux ou médicaux, sondages répétés depuis des années.
On espère que le gouvernement prendra la décision de faire discuter députés et sénateurs de la modification des lois, discussions qu'on peut prévoir houleuses, mais peu importe, seul importe le résultat (une loi se vote à 50% + 1 voix)
Leonetti : droits des usagers du système de santé, sans séparer les mourants des autres : seuls les usagers du système sont décideurs des soins qu'ils acceptent, refusent, ou demandent, y compris une aide pour mourir en douceur, de la façon qu'ils préfèrent (accompagnement médical hospitalier ou non, accélérer la mort seulement pour ne pas souffrir, peu importe la durée de l'agonie, ou pour choisir le jour et l'heure de leur mort).
loi sur la non-assistance à personne en danger : il ne s'agit pas de çà lorsqu'on aide un mourant à se suicider.
loi sur le suicide : incitation, évidemment non, mais cela existe-t-il autrement que dans l'imaginaire ? mais aide possible encadrée comme en Suisse.
pour tenir compte de la volonté des usagers du système de santé :
être responsables de leur vie, la médecine apportant un dialogue entre médecin et usager, diagnostic et pronostic, pouvant parfois les guérir voire leur permettre de vivre malgré un état de santé déficient, mais ne se substituant pas à leur volonté, par rapport à leur vie, aux soins qu'ils acceptent ou refusent.
ne plus subir un système de santé patriarcal où on leur impose des soins dont ils ne veulent pas, pouvoir mourir chez eux.
avoir enfin le droit réel à une aide au suicide, pour éviter les suicides violents, lorsque la mort se montre proche à l'horizon, ou que la souffrance est trop forte, et que la médecine ne peut rien pour la soulager.