1 Août 2017
http://www.aavivre.fr/blog/la-mort-et-le-cadavre
https://blogs.mediapart.fr/alexy-fortin/blog/300717/le-jour-des-morts-mest-arrive/
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Sa bouche était grande ouverte, tendue vers un au-delà absolument irrespirable. Cette image était insupportable.
… dans cette fin de monde, dans ce cri impuissant, dans cette dernière et définitive défaite.
La cavité respiratoire et nourricière, restait désespérément ouverte et hurlante.
Comment déjouer la rigidité cadavérique? Peut on forcer jusqu'à briser les os? Ou bien au bout d'un moment les muscles et tendons se ramollissent-ils? Je ne le sais toujours pas.
Choquée mais pas étonnée par cette lecture :
la plupart des français n'ont jamais vu un mort…
On laisse les gens mourir à l'hôpital, on ne les accompagne plus, ce sont des « professionnels » qui s'en occupent… pourquoi ? Ce n'était pas ainsi il y a seulement 50 ans.
Pourtant, la mort fait partie de la vie.
Cette dame, qui souffre de la mort de sa mère, interprète la bouche ouverte de la morte comme une expression qu'elle juge insupportable (pour elle).
Est-ce le premier mort qu'elle voit ? Probablement...
Ce phénomène est naturel, c'est le cas de tous les morts ou presque :
On leur ferme les yeux qui restent le plus souvent ouverts, on leur ferme la bouche, ouverte car ils ont respiré par la bouche les derniers moments, respiration moins pénible que par le nez.
Ce n'est pas un cri, ce n'est pas une défaite, … c'est seulement la fin de la vie, normale pour une dame d'un certain âge.
Voir mourir ses parents est le lot naturel de tous, lorsqu'on est adulte, rien de plus normal, selon l'attachement affectif que l'on a avec eux, cela vous rend plus ou moins triste, mais la vie continue. Voir mourir des enfants est plus difficile, ce n'est pas l'ordre des générations, bien que la vie continue aussi.
La vie est un cycle de générations qui se suivent et permettent le renouvellement de l'espère humaine (et autres êtres vivants).
Rien d'étonnant pour moi qui ait vu de nombreux morts et préparé mon oncle décédé (89 ans) pour son cercueil : J'adorais mon oncle. J'avais 40 ans.
Avec mon père, son jeune frère (il avait 15 ans de moins), nous n'avons pas imaginer un seul instant qu'un étranger puisse le voir ainsi et s'occuper de son corps à notre place :
Nous l'avons allongé, ce n'était pas une mince affaire, le corps était raidi et il était mort assis sur son lit en enfilant son pyjama, donc moitié nu. Nous lui avons fermé les yeux et la bouche (les professionnels utilisent un foulard, une courroie, une mentonnière pour tenir la machoire fermée). Pas d'internet à cette époque, et nous l'avons habillé convenablement avant que les pompes funèbres n'arrivent.
Nous n'avons pensé à rien d'autre. C'était un dernier hommage, un dernier acte d'amour.