4 Janvier 2018
« La S. F. A. P. (Société Française d'Accompagnement des soins Palliatifs) a lancé cette semaine une grande action médiatique à l'échelon national. Ce coup de tambour a pour but de lancer une campagne attribuant aux soins palliatifs une reconnaissance leur octroyant l'appellation de grande cause nationale. »
« La campagne proposée est justifiée mais elle ne devra pas masquer les insuffisances persistantes de la loi française sur la fin de vie. »
« La S. F. A. P. ne prend en charge, dans ses nombreuses structures affiliées, que des patients agonisants.
Elle ne peut pas étendre son aide à des patients demandant une aide passive ou active à la fin de vie, du fait d'une affection grave mais non rapidement mortelle, comme Anne Bert récemment évoquée sur ce blog.
Les structures ayant le label S. F. A. P. ne répondent pas aux souhaits réfléchis de nombreux patients.
Ignorer ces patients, c'est leur refuser le droit du libre choix face à la mort. »
RAPPEL :
la SFAP est une association à dominante catholique, dont les membres sont des médecins, des soignants, et autres bénévoles dont le but est d’accompagner les mourants ou ceux dont les maladies sont incurables et dont la philosophie s’oppose à toute idée de mort volontaire.
Ce n’est pas un service public.
Ils travaillent en principe uniquement sous la responsabilité d’un hôpital (chambres réservées aux soins palliatifs en hôpital ou hospitalisation à domicile) et s’opposent pour la plupart à des soins qui seraient donnés par un médecin généraliste à la maison.
Ils se veulent experts en souffrances mais s’occupent davantage des douleurs physiques que des souffrances morales. Ils disent souvent que toutes les souffrances peuvent être soulagées, ce qui est évidemment faux.
En théorie, ils s’occupent aussi de préparer les proches au deuil . Ce n’est pas toujours le cas.
Ils se plaignent de ne pas avoir assez de moyens d’agir, ni en quantité de chambres spéciales, ni en personnel. Il est vrai que les budgets alloués depuis des dizaines d’années - les soins palliatifs sont obligatoires de la part des soignants depuis la circulaire Laroque en 1982 ! - dans les hôpitaux pour les soins palliatifs ont très souvent été détournés de leur but, faute d’argent en général dans l’hôpital.
Bien entendu on ne peut qu’être favorable à l’aide apportée par ces bénévoles.
On ne peut qu’être favorable au fait de soulager les souffrances curables ou incurables de toute personne.
Mais leur implication contre toute idée d’aide à mourir sur la demande expresse et répétée d’une personne qui souffre de manière incurable me scandalise :
Pourquoi veulent-ils imposer leur philosophie - opposée à toute idée de mort volontaire - à ceux qui en ont une différente ? Ils existent, même s’ils ne sont pas très nombreux.
Où est la liberté de la personne sur son corps, sa santé, sa vie, sa mort ?
Où est la liberté que devrait nous garantir la République ?
Pourquoi veulent-ils réserver la sédation aux dernières heures de vie ? Et pas aux derniers jours ou semaines ?
Pourquoi veulent-ils décider à la place de celui ou celle qui va mourir, de quel droit ?
IL FAUT SAVOIR QUE :
La première obligation de tout médecin, généraliste inclus, n’est pas de guérir, tout simplement parce que, très souvent, ce n’est pas possible.
C’est de soulager les souffrances morales et physiques du mieux possible, sachant bien que de nombreuses maladies ou autres problèmes de santé ne peuvent pas être guéris, pour permettre une vie gardant certaine qualité en attendant la mort.
C’est aussi de s’occuper de son « client » en tenant compte de son environnement, donc tenir compte de ses proches si nécessaire, de son mode de vie, etc., sachant que l’environnement est pour beaucoup dans la bonne ou mauvaise santé, beaucoup plus que tout médicament ou traitement.
C’est le sens du mot « soin palliatif » = soin destiné à rendre la vie de meilleure qualité , donc plus d’accompagnement humain, moins de souffrances, que la personne soit curable ou incurable.
Donc évidemment, quel que soit le lieu de travail d’un médecin ou autre soignant, celui-ci doit s’efforcer de soulager les souffrances de son client.
Pas de nécessité d’être à l’hôpital pour cela, ni d’hospitalisation à domicile où c’est encore le médecin hospitalier qui dirige les soins, quand le médecin traitant devrait pouvoir les assurer sans l’hôpital.
Pas besoin de structures spécifiques. Tous les bénévoles sont déjà bienvenus dans les hôpitaux.