17 Avril 2018
http://www.liberation.fr/debats/2018/04/16/fin-de-vie-une-affaire-de-medecins-et-de-loi_1643773
Je ne peux qu’approuver ce texte (cité en dessous, en italique) .
IL S’AGIT BIEN DE RENDRE LA MORT AUX CITOYENS,
de la retirer du puissant système médical actuel qui l’a accaparée pour son intérêt personnel,
qui n’écoute pas ses patients, et refuse de les considérer , de les respecter … dans leurs volontés sur leur façon de vivre et de mourir
qui gagne de l’argent sur leur dos via une sécurité sociale laxiste qui la laisse diriger la santé publique,
qui soutient très largement une industrie pharmaceutique qui les forme, dévoyée de son rôle, qui abuse les citoyens : problème d’une industrie capitaliste qui s’occupe d’abord de son rendement financier, les citoyens servant de cobayes aux innovations trop souvent dramatiques.
Problème d’une médecine privée qui se mélange à la médecine publique dans un désordre dommageable pour tous : ces deux médecines devraient être clairement séparées, l’une remboursée, l’autre non.
Devenir médecin ne devrait pas être motivé par le gain prévu, mais par l’idée de soulager les autres de leurs maux, de les guérir si possible (maheureusement on ne peut pas toujours), de les aider à bien vivre ou à mieux vivre par leurs conseils et leurs connaissances, mais en aucun cas de leur imposer leur façon de concevoir la vie, la mort, qui ne peut être que personnelle : chaque personne est différente.
Aucune raison de prolonger des vies qui ne sont plus que souffrances incurables contre la volonté des personnes concernées.
Alors pour ceux qui demandent une aide à mourir, alors que leur état de santé est incurable et leur donne des souffrances insupportables pour eux mêmes, de quel droit la leur refuser ?
Le médecin doit être au service des autres et ne pas constituer un caste toute puissante qui impose sa volonté aux autres.
Pourquoi nos médecins refusent-ils d’aller exercer où on a besoin d’eux ?
Seule profession de ce type, puisque toutes les autres professions paramédicales sont astreintes au nombre d’habitants lié au territoire : infirmiers, kinési, pharmacies, etc. ne s’en portent pas plus mal…
Pourquoi la sécurité sociale accepte-t-elle les dépassements d’honoraires ? Sans parler de dessous de table courants bien qu’interdits par l’éthique…
Pourquoi la sécurité sociale rembourse des médicaments dont on connaît l’inutilité ? (bien qu’il y ait eu quelques progrès dans ce sens depuis quelques années)
Pourquoi ces gens là se contentent de regarder les autres mourir lentement, parfois dans d’atroces souffrances, morales ou physiques, sans vouloir soulager leurs plaintes et respecter leur déisr de mourir, lorsqu’ils sont reconnus incurables ?
« La proposition de loi de Jean-Louis Touraine ne s’adresse qu’à des malades qui sont à l’agonie, elle ne prend pas en compte tous ceux qui ne veulent pas arriver à ce stade.
En France, il n’existe toujours pas de loi sur l’aide médicale active à mourir.
Les Français la réclament pourtant. Ils ont compris que mourir nécessitait parfois une aide médicale active, qu’on l’appelle «euthanasie» ou «suicide assisté».
Or, la proposition de loi Touraine prolonge l’esprit des lois en place de 2005 à aujourd’hui, de Leonetti à Claeys-Leonetti. Elle ne comble en rien les vides laissés par les lois actuelles, voire les amplifie. Elle n’empêchera pas les passages de frontières pour trouver hors de l’Hexagone l’humanité et la dignité nécessaires à la quiétude de la mort choisie.
Que manque-t-il à la France ?
Certains diront que l’influence persistante du catholicisme explique les blocages politiques, d’autres, que la médecine est trop timorée. Les deux sont sans doute vraies. Mais nous n’en sommes plus là et l’heure est aux façons de surmonter ces différents blocages.
Les lois ont en cela un rôle important à jouer. En matière de fin de vie, elles ont le pouvoir de calmer les tensions que leur absence provoque, en laissant le citoyen libre de penser sa mort.
Car c’est bien de cela qu’il s’agit.
La proposition législative, déposée fin septembre par Jean-Louis Touraine, député du Rhône (groupe LREM), ne s’adresse qu’à des malades qui sont à l’agonie
mais ne prend pas en compte tous ceux qui ne veulent pas arriver à ce stade et souhaitent mourir alors qu’ils sont en pleine conscience, au moment qu’ils auront choisi.
Elle laisse de côté toutes ces situations où le désespoir personnel est amplifié par l’absence de responsabilité collective.
Car la mort n’est pas un choix, c’est le moment et la manière d’y arriver qui peut l’être.
On oublie trop souvent que la fin de vie n’est pas qu’affaire de médecins et qu’elle doit tenir compte de l’individu avant tout, mais aussi des lois de notre pays.
Entre l’individu et le collectif, il faut qu’un lien existe. C’est à cet impératif moral et politique que la loi répond.
Pouvoir finir sa vie dans un encadrement légal est devenu une nécessité en France.
Trop d’affaires nous le rappellent.
Aucune n’implique la loi Claeys-Leonetti de 2016 dont les décrets sont progressivement mis en place dans les unités de soins palliatifs en répondant à toutes les situations de fin de vie que la médecine peut accompagner.
En marge de ces accompagnements en soins palliatifs, il existe d’autres situations qui requièrent une aide médicale à mourir et qui nécessitent une procédure légale.
Une nouvelle loi doit désormais impérativement les prendre en compte.
L’association le Choix - Citoyens pour une mort choisie demande à tous les députés de tous les groupes de s’ouvrir à l’aide médicale active à mourir sans craindre les prophéties qui déjà annoncent des dérives.
Au contraire, la démonstration a été faite dans les pays où une telle loi existe que les malades s’acheminent plus sereinement vers leur fin de vie et réclament plus tardivement qu’on les aide à mourir, car ils savent que leur volonté sera respectée le moment venu.
Il est attendu d’une nouvelle loi qu’elle rende inutiles les milliers d’euthanasies illégales pratiquées chaque année en France et les nombreux départs de malades vers des pays voisins pour aller y mourir, qui renforcent les inégalités entre les citoyens.
Notre collectif les dénonce et s’en indigne d’autant plus que la parole des Français n’est toujours pas entendue.
Les coprésidentes de notre association, auteures de deux pétitions citoyennes qui ont recueilli plus de 350 000 signatures, seront prochainement auditionnées dans le cadre des états généraux de la bioéthique et feront en sorte d’attirer l’attention des instances qui consultent. Mais cela ne suffit pas.
Les citoyens, alertés par une foule de procès qui défraient la chronique depuis maintenant plusieurs années, ont connaissance de ces tristes histoires dans lesquelles la mort a été le combat de trop. Ils attendent plus que le simple toilettage d’une loi qui resterait fondamentalement inchangée.
L’aide active à mourir nécessite que soit écrite et votée une loi qui définisse précisément le droit des malades à faire valoir leur choix en matière de fin de vie et le cadre dans lequel cette loi s’appliquera.
Il faut que cesse ce parcours du combattant et qu’enfin la loi offre une solution sereine à des situations désespérées.
Philippe Bataille , Nathalie Gueirard Debernardi , Marie Godard
association le Choix - Citoyens pour une mort choisie »