Monsieur le Premier Ministre,
Depuis 15 ans je milite pour que chaque personne responsable ait le droit d'être aidée médicalement si elle le demande lorsqu'elle arrive dans une impasse thérapeutique -sachant qu'on peut refuser des techniques thérapeutiques - d'autant plus si elles font souffrir - , qu'elle souffre le martyre (peut-être seulement moralement) et qu'elle est incurable, la médecine ayant pour moi comme premier devoir de soulager les souffrances.
la médecine guérit parfois, elle aide certains à vivre avec des maladies chroniques mais elle n'a jamais pu et ne pourra jamais éradiquer la mort nécessaire à la vie et à son évolution.
Après avoir milité au sein de l'admd, j'ai continué avec AAVIVRE que j'ai contribué à créer, et maintenant nous avons rejoint le Choix, ravie de l'explosion des pétitions des fondatrices Nathalie et Marie, suivie de la création de l'association qui a déjà 400000 membres en 1 an d'existence.
La fin de vie? quand commence-t-elle ? nul ne le sait mais tout le monde en parle...
est-ce seulement les derniers jours ou heures d'agonie? est-ce là dès le moment qu'on se sait atteint d'une maladie incurable mais qui peut vous laisser vivre encore quelque temps?
Pourquoi séparer ainsi les droits des citoyens selon la période supposée de leur vie?
pourquoi nos droits seraient-ils modifiés à une période de notre vie qu'un médecin consulté par hasard (urgence médicale, soins hospitaliers où nul ne se connait) désignerait du mot "fin de vie" à notre place?
La loi qui concerne le droit des usagers du système de santé doit être la même de la naissance à la mort, seule fin de vie.
droits de l'Homme pour tout adulte responsable :
agir selon son choix, être responsable de son corps et de sa personne.
avoir droit à la considération des autres dès lors qu'on ne leur porte pas tort.
avoir droit à une solidarité de la part des médecins: eux aussi mourront!
Or mourir, même un peu plus tôt que ce que la Science nous propose (car elle prolonge beaucoup nos vies) ne peut porter tort à personne. La loi du vivant est de mourir un jour.
Je suis membre de l’association LE CHOIX – Citoyens pour une mort choisie, qui a été créée il y a un an pour représenter les 400.000 signataires des pétitions de Marie Godard et Nathalie Gueirard Debernardi, dont on espère qu'elles passeront bientôt à 500000.
Je vous écris aujourd’hui pour protester du fait que le Président Macron n’a pas jugé à propos d’inclure la fin de vie dans les sujets qui sont traités dans le cadre du Grand Débat.
S’il est un sujet qui concerne tous les Français, c’est bien celui-là !
Alors dites-moi, votre gouvernement saisira-t-il l’occasion de se démarquer de ceux qui l’ont précédé et trouvera-t-il le courage de légaliser l’aide active à mourir, cette loi que les Français demandent dans toutes les enquêtes et les sondages, à hauteur de près de 90%, et cela depuis plus de dix ans ?
Vous remarquerez que La Ministre des solidarités et de la santé, Agnès Buzyn, n’est pas en copie de cette lettre. Cela serait parfaitement inutile car elle répète à l’envi qu’il faut laisser une chance à la loi Claeys-Leonetti de se mettre en place partout en France.
N’importe quel médecin de terrain ayant une réelle connaissance de ce qu’est la fin de vie d’un grand nombre de Français dans les unités de soins palliatifs, lorsqu’elles existent, exprimerait une empathie, une humanité dont Madame Buzyn se montre dépourvue, elle qui n’a pratiquement jamais travaillé auprès des malades, qui ne connaît pour ainsi dire que les amphithéâtres des grandes facultés de médecine et les laboratoires de recherches, et qui a des accointances avec certains laboratoires pharmaceutiques que d’aucuns trouveraient discutables…
Comment voulez-vous que les Français ne soient pas choqués, révoltés même, qu’un sujet aussi important que la fin de vie soit balayé d’un revers de main par le législateur ?
Combien de temps faudra-t-il encore attendre avant que l’on donne aux Français le droit de choisir leur fin de vie ?
Nous , adultes responsables, avons le droit
De nous marier, ou pas.
D’avoir des enfants, ou pas.
Les femmes ont le droit de se faire avorter.
Les homosexuels ont le droit de vivre ensemble dans la légalité.
Nous pouvons choisir les études que nous allons faire et le métier qui nous fera vivre.
Mais on refuse de nous donner les moyens, juridiques et médicaux, lorsque que nos souffrances physiques ou psychiques sont devenues insupportables, de mettre paisiblement fin à notre vie, entourés de ceux que nous aimons.
Vous me répondrez que le suicide n’est pas illégal en France et je vous répondrai qu’il est honteux que, faute de loi leur permettant de mettre fin à leurs souffrances de manière sereine et indolore, des milliers de gens se jettent chaque année de la fenêtre d’un immeuble ou sous un train; se pendent à un arbre de leur jardin, ou se ratent en avalant tous les comprimés qu’ils ont trouvé dans la maison.
Il est honteux d'enfermer des personnes âgées plus ou moins dépendantes , proches de la mort, dans des lieux où les fenêtres ne s'ouvrent pas pour empêcher les suicides par défenestration qui se sont avérés trop fréquents.
D'autre part, la loi de non assistance à personne en danger interdit de fait la possibilité de se suicider avec un proche qui nous donne la main jusqu'à notre mort.
sauf bien sûr clandestinement...
On sait que fort heureusement, des médecins accordent une aide illégale à ceux qui n'en peuvent plus de souffrir, au risque de perdre leur travail, ce qui n'est pas normal.
Et si c’était vous, Monsieur le Premier Ministre ? Et si c’était votre épouse, ou l’un de vos enfants ?
Ne vous empresseriez-vous pas de la voter, cette loi, pour ne pas avoir à partir mourir loin de vos proches, en Belgique ou en Suisse, à condition d’en avoir les moyens et d’être encore transportable ?
ou bien préféreriez vous agir dans l'illégalité?
Monsieur le Premier Ministre, cela suffit ! Nous n’en pouvons plus de l’hypocrisie qui règne en raison de cette loi quasi inutile et qui l’est devenue plus encore avec les dernières directives de la HAS !
Sédation profonde et continue autorisée seulement par trop de médecins quelques heures, voire quelques jours avant la mort ? puisque personne ne sait définir clairement quand la "fin de vie" commence...
Respect des directives anticipées du malade, sauf lorsque le médecin les « juge manifestement inappropriées » ?
Lorsque vous aurez quitté votre poste, si l’on ne devait se souvenir de vous que pour une seule action, ne voudriez-vous pas que ce soit pour cet acte courageux que vos compatriotes attendent depuis si longtemps ?
Ayez le courage qu'a eu Mme Veil pour les lois sur l'avortement en son temps.
Ne laissez plus les agonies être prolongées par la Science palliativiste (hydratation et alimentation artificielles après l'arrêt des traitements, malgré la contradiction avec une sédation continue ) , n'abandonnez plus ceux qui souffrent ( grande majorité de femmes: beaucoup d'hommes n'ont aucun scrupule à utiliser des armes à feu pour leur mort, sans se préoccuper de l'image qu'ils laissent à leurs proches ) et voudraient être aidés pour mourir selon leur choix.
Monsieur le Premier Ministre, donnez-nous le choix du moment et de la manière de notre mort lorsque les souffrances sont devenues insupportables, car si vous ne faites rien, le quinquennat pourrait s’achever sans que vous ayez eu le temps de laisser un souvenir positif dans la mémoire collective.
Recevez, Monsieur le Premier Ministre, mes respectueuses salutations.