8 Juin 2019
Le point de vue du Dr Catherine Dopchie
L’ambiance euthanasique nous pousse à céder à la peur et « l’à quoi bon »
03.06.2019
Cette oncologue, responsable d'une unité de soins palliatifs à Tournai
refuse de pratiquer des euthanasies comme la loi de son pays le lui permet.
De quoi se plaint-elle ? Elle a le droit de refuser de pratiquer une euthanasie…
tant pis pour son patient s’il la réclame…
On regrette d’avoir une fois de plus un point de vue d’un médecin de soins palliatifs pro vie,
et pas de point de vue de la part des patients concernés…
« Elle explique pourquoi et estime que la nouvelle législation a modifié la perception de la fin de vie en Belgique. »
C’est le contraire,
c’est la perception des fins de vie trop souvent entretenues artificiellement par des machines à vivre qui a provoqué la législation belge (demandée d’abord par les médecins belges).
J’ai les poils qui se hérissent quand je lis :
« L’impasse thérapeutique est un moteur pour la recherche, … »
je traduis :
tant mieux si des patients souffrent en attendant de mourir, ils aident la recherche en servant de cobayes pour la science !
« L’euthanasie (sous entendu la permission de l’euthanasie : mort souhaitée par le patient, déjà mourant ou condamné par la science) tue l’imagination thérapeutique. »
Je traduis :
Toujours ce besoin de recherche médicale ! Pour empêcher toute mort ???
Le droit à une mort douce et rapide empêcherait les médecins d’imaginer de nouvelles thérapies ??? c’est vraiment une idée stupide…
« L’euthanasie n’est pas fruit d’une autonomie responsable et libre mais
acte désespéré de deux personnes (mourant et médecin) piégées par l’impuissance. »
C’est le credo de cette dame , avis très personnel, contredit par tous ceux qui accompagnent les euthanasies, ce qu’elle refuse de faire…
et elle devrait au contraire se réjouir de ce que la loi ne lui impose pas d’aller contre sa croyance personnelle, permettant au médecin qui ne veut pas pratiquer d’euthanasie de renvoyer le patient à un autre médecin qui le veut bien ?
J’ai accompagné des mort volontaires en fin de vie et je n’ai ressenti que le soulagement et la joie de ceux qui se voyaient respectés dans leur choix.
Pas de sentiment d’impuissance : oui j’accepte la mort comme faisant partie de toute vie, je n’ai pas la prétention de vouloir supprimer la mort,
Pas de désespoir : au contraire, un sentiment de plénitude , le sentiment d’avoir bien vécu, devant l’acceptation de la mort et l’accompagnement familial et amical, avec ou sans médecin.
« Madame V. est effondrée. En lui annonçant son cancer ORL, on lui a proposé radiothérapie-chimiothérapie ou euthanasie. L’éthique actuelle voudrait imposer l’euthanasie comme une simple option dans la planification anticipée des soins, non plus comme une transgression … »
QUELLE HORREUR !
D’abord
pourquoi être effondré à l’annonce d’une maladie mortelle à long terme qui vous laisse le temps de vivre encore de beaux moments ? Et qui ne vous fera peut-être pas mourir…
Tout ce temps à vivre vous laisse d’autres occasions de mourir : accidents, autres maladies, crise cardiaque, etc.
Nous devrions touts savoir que tout être vivant, nous inclus, est mortel !
La mort nous est donnée en héritage…
Alors profitons de la vie en attendant de la perdre !
Ensuite,
on veut nier les guérisons spontanées de cancer, mais pourtant elles existent :
diagnostics trop précoces, évolutions liées au mode de vie, ou tout simplement l’organisme qui se défend bien.
« Lors d’un diagnostic de cancer, on propose systématiquement chimio + radiothérapie + médicaments »
oui, évidemment, ce sont les seuls moyens d’action de notre médecine occidentale…
d’autres médecines proposent d’autres moyens d’action, en parallèle ou à la place, pas plus de bons ou mauvais résultats que nos actions occidentales légales.
on guérit à l'heure actuelle de nombreux cancers, donc la certitude de la mort annoncée est fausse.
DIRE QUE L’ON PROPOSE AUSSI UNE EUTHANASIE EST FAUX.
L’euthanasie (mort demandée par le « mourant ») ne peut être qu’un choix personnel lié à sa philosophie de vie et jamais accepté à l’annonce d’un diagnostic, même grave.
Nul n’est prophète…
Par contre dans les pays qui ont accepté une loi permettant l’euthanasie, tout le monde sait que cette demande est possible. On sait aussi qu’elle est refusée dans de nombreux cas. Les critères d’accès sont sévères.
Préférer la transgression de la loi à l’application de la loi me paraît être complètement tordu
et anti démocratique…
car c’est bien ce que je lis entre les lignes :
on peut accepter l’euthanasie comme transgression !!!
mais pas comme loi démocratique qui laisse à chacun la responsabilité de son choix personnel.
« L’euthanasie réduit la médecine à résoudre des problèmes, au lieu de s’intéresser à la personne qui souffre. »
cette dame parle de « l’euthanasie »
comme si ce n’était pas seulement une possibilité que l’on sait choisie par environ 2 % seulement des mourants , mais
comme si c’était devenu un choix fréquent et proposé d’emblée par des médecins peu scrupuleux,
ce qui est évidemment faux,
Même si je n’ai pas une haute idée des médecins (français en particulier) ,
trop souvent imbus d’eux-mêmes, de leur pouvoir et de leur argent,
trop souvent irrespectueux de leurs patients (comme semble l’être cette dame qui se pique de moraliser les autres) ,
je les estime assez pour penser que tous ne sont pas des monstres…
Ils sont aussi coincés par des protocoles rigides.
Un médecin est là pour aider les gens à vivre bien, à ne pas trop souffrir
mais aussi pour les aider à mourir « bien » selon leurs vœux propres, lorsque leurs souffrances deviennent intolérables, et qu’elles sont incurables actuellement.
Il n’a pas à guider leurs vœux, mais à les respecter.
Ce que refuse de faire cette dame,
comme elle pense pour elle même que l’euthanasie est une mauvaise chose,
elle veut que les autres pensent comme elle,
c’est de l’autoritarisme d’autant plus incongru que l’on a affaire à des personnes qui vont mourir.