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www.jacqueline.salenson.fr

fin de vie : droit à la mort volontaire accompagnée par un médecin pour que les lois permettent enfin aux médecins de RESPECTER les volontés de tous les citoyens quant à leur vie, leur santé, leur mort, exprimées dans leurs DIRECTIVES ANTICIPEES avec leur PERSONNE DE CONFIANCE nommée par écrit, Y COMPRIS en cas de DEMANDE D'IVV = interruption volontaire de vie , lorsque la mort s'annonce

COMMENT J AI ÉTÉ AMENÉE À ACCOMPAGNER DES PERSONNES SOUFFRANT DE LEUR VIE QUI FINISSAIT?

MA JEUNESSE : Ma mère était orpheline de père et mère (guerre de 14 et grippe espagnole): très perturbée par cette situation : déménagement à 5 ans de Paris vers un hameau creusois de ses grands parents maternels, coupée de sa vie antérieure sans qu’on lui ait dit la mort de sa mère, père disparu en 1915 aux Dardanelles : le doute sur sa mort lui est toujours resté…elle s’est senti abandonnée encore plus qu’orpheline... elle parlait de la mort tous les jours ou presque : elle craignait la mort de son époux nourricier puisqu’il lui avait été interdit par les lois de Pétain en 1940 de travailler puisqu’il travaillait…, ensuite c’est mon père qui lui a interdit de travailler pour élever ses deux enfants. Peur que ses enfants ne soient orphelins comme elle un jour… et elle incapable de les nourrir. Ni frère ni sœur. Pas de parents. Seulement des cousins… plus en Creuse que sur Paris où nous étions pendant l’année scolaire (nous passions les étés en Creuse). La peur ne servait à rien puisqu’ils ont passé 75 ans ensemble ! Mais…

Nous allions toujours une fois par semaine dans les hospices de vieux pour leur rendre visite : toujours des cousins des connaissances, ma grand-mère paternelle qui a été pendant 3 ans à l’hospice d’Ivry (le pire de l’époque d’après Denis Labayle…) : j’avais entre 6 et 9 ans.

Donc confrontée très jeune à la mourance et à la mort :

à l’hospice , c’était encore la salle commune avec une vingtaine ? de vieilles et vieux en train de mourir, grabataires, je vous passe les vomis et diarrhées, les gémissements... ou comme ma grand-mère qui avait « perdu la tête » (on ne parlait pas d’alzeihmer à cette époque), ne nous reconnaissait pas (une vague idée qu’on était de la famille...), mais marchait normalement. On sortait avec elle dans le parc mais on disait un mot gentil à tous, une caresse, un baiser, sans tenir compte de leur état ni de leur odeur. J ai toujours été proche de mourants dans les hospices

J’avais la trentaine, 3 bébés, j’habitais loin : je ne pouvais pas aller la voir souvent, quand MA « GRAND MÈRE » (ma grand-tante en réalité qui avait recueilli ma mère à 13 ans), qui vivait à Bagnolet dans la première résidence seniors de l’époque (caisse du bâtiment) depuis son veuvage, jusque là indépendante, jamais malade de sa vie, près de 90 ans,

n’a pas pu se lever : paralysée par l arthrose, ont dit les médecins??? d’un coup.

Impossible de bouger volontairement dans son lit.

Impossible de lever les bras et de manger ou boire sauf à la becquée :

Elle refusait toute nourriture mais on lui écartait de force les gencives avec une cuillère , on lui faisait mal , pour la gaver comme une oie... (elle n’avait plus de dents et ne pouvait plus mettre son dentier) : L horreur !!!

Elle avait toujours dit vouloir mourir debout (communiste et athée) .

Elle avait toujours fait piquer ses chats et chiens pour leur éviter les affres de l agonie

CHAQUE JOUR ELLE RÉCLAMAIT UNE PIQÛRE POUR MOURIR

Aucune réponse… : ON LUI MENTAIT en lui disant que son état allait s améliorer

Mais ELLE SAVAIT qu’elle s était couchée pour mourir, qu’elle ne se relèverait jamais.

Alors elle réclamait une aide pour mourir mais ils faisaient semblants d’être sourds…

ELLE A MIS 5 MOIS A MOURIR : UNE SOUFFRANCE MORALE INCOMMENSURABLE… SON CORPS AVAIT COMMENCE À POURRIR ENCORE VIVANTE ... des escarres partout.. Elle était passée de 80 à 40kg à peine : Épouvantable... Elle a eu sa conscience jusqu'à la fin... encore pire...

COMMENT PEUT-ON LAISSER FAIRE CA?

JE ME SUIS JURÉE : PLUS JAMAIS CA!

A LA RETRAITE, CHERCHANT À FAIRE DU BÉNÉVOLAT, j’ai connu l’admd il y a une quinzaine d’années.

Lorsque j’ai commencé à militer avec l’admd, j’ai bien sûr rencontré d’autres personnes qui pensaient comme moi et voulaient mourir debout en pleine conscience et activité : favorables au suicide et à l’euthanasie. Mais comment s’assurer d’un suicide en douceur, non raté ?

Des personnes qui avaient aussi suivi des morts atroces chez des proches et qui ne voulaient pas de çà pour eux mêmes.

Des personnes qui trouvaient anormal que des médecins inconnus jugent à notre place du bienfait de la prolongation de notre vie ?

Donc tout naturellement je me suis renseignée pour savoir quoi faire avec :

  • Des lois qui permettent aux médecins de prolonger nos vies contre nos convictions, et qui les laissent décider de nos vies. (loi Leonetti Clayes pour le moment)

Ce qui est scandaleux ! Contraire aux droits de l’être humain !

  • Des lois qui nous interdisent d’accompagner quelqu’un dans un suicide raisonné !

(loi de non assistance à personne en danger)

Lorsque la mort est proche et que la fin de la vie s’annonce horrible pour nous même et que l’intéressé veut la mort délivrance, la mort repos de l’âme et du corps.

(d’ailleurs dans les tentatives de suicides « coups de tête », souvent dépressifs, on ne demande l’aide de personne sauf éventuellement pour ne pas mourir… )

IL N Y A QUE MOI QUI PEUT DÉCIDER DE MA VIE

 

QUE FAIRE D’AUTRE QUE D’ESSAYER D’AIDER CES GENS?

Certes j’étais prof de maths autrefois, mais ma passion a toujours été la philosophie, l’ethnologie, la sociologie, les êtres humains. Donc avec des médecins de nos associations:  Dr Lassen (décédée), Dr Senet, Dr Labayle, et d'autres, avec les médecins suisses puis belges nous avons beaucoup travaillé.

Pendant 6 ans j’ai été représentante des usagers en hôpital : Pézenas 34 (hôpital avec l’ehpad), Saint Vaury 23 (psychiatrie) , j’ai fait à cette époque tous les stages du CISS pour apprendre le fonctionnement de notre système médical officiel.

Grâce à ces médecins , j’ai pu accompagner quelques personnes qui avaient demandé mon aide et qui se sont suicidées : chez elles en famille ou en Suisse avec les associations qui le font .

Toujours des belles morts accompagnées : beaucoup d’émotion, d’amour, et le bonheur d’avoir respecté la personne dans son désir de mort délivrance , de mort repos. Beaucoup de remerciements des proches accompagnés aussi.

Beaucoup d humanité.

L’accompagnement a toujours duré entre 1 et 3 ans avant la décision finale : une longue réflexion avec le patient et ses proches.

LA MORT VOLONTAIRE : TRÈS PEU DE PERSONNES LA DEMANDENT : moins de 2 % des mourants dans les pays qui la permettent…

RAISON DE PLUS POUR NE PAS LEUR REFUSER PAR DES LOIS INDIGNES

POIDS DES RELIGIONS même non pratiquées mais reste d’éducation religieuse qui assimile suicide et crime envers Dieu.

PEUR de se rater d’où le soulagement éprouvé pour ceux qui peuvent aller en Suisse ou en Belgique, qui voudraient la même aide possible en France.

PEUR de décider seul.e de sa vie : manque d habitude, on se laisse porter par les autres quelquefois…

CROYANCE AU MIRACLE DE LA SCIENCE MEDICALE: on se fie totalement au médecin, même inconnu... pourtant la médecine est un art, pas une science, même si elle utilise de la technologie.

PEUR de mourir et de quitter ce monde terrestre, surtout pour ceux qui croient à la vie éternelle… peur de l’enfer ou du purgatoire ? Je ne sais pas.. ils ne pensent guère au paradis… pourtant la plupart des gens ne sont ni voleurs ni assassins...

Combien disent : "je l’ai dit à mes enfants" – mes proches - ce qui ne sert à rien, mais n’écrivent pas :

LEURS DIRECTIVES ANTICIPÉES, INDISPENSABLEs À L’ESPOIR DE VOIR NOS VOLONTÉS RESPECTÉES, même si ce n’est pas suffisant actuellement : la volonté du médecin primant sur la nôtre… ignorant que la parole de leurs enfants n’est pas reconnue par la loi, même s’ils sont tous d’accord,

SEUL L’ÉCRIT SIGNÉ COMPTE (UN PEU).

DANS NOS ASSOCIATIONS (puisque nous sommes 3 maintenant en France : le choix, ultime liberté et la vieille admd) BEAUCOUP DE DEMANDES SEULEMENT POUR PARLER SEREINEMENT DE LA MORT :

  • CELLE DES AUTRES D ABORD ,

  • LA SIENNE ENSUITE.

BEAUCOUP DE FEMMES, PEU D’HOMMES (est-ce pour cela que les lois tardent à changer ? )

La grande majorité des femmes âgées se retrouvent seules, même si elles ont une famille. Elles terminent souvent leur vie en EHPAD.

La grande majorité des hommes meurent en famille, entourés de leurs femmes : leur compagne, leur fille, …

puisque la tradition est que « la » femme a des talents particuliers pour soigner, la patience, la douceur, les femmes ont été élevées dans ces idées pour la plupart et se laissent faire… même au détriment de leur santé.

Beaucoup d'aidantes appellent au secours...

CLARIFIER SES IDÉES PAR RAPPORT A LA MÉDECINE OFFICIELLE qui vise toujours à empêcher de mourir sans se préoccuper de la suite.

NE PAS MOURIR, OUI, pourquoi pas ?

MAIS POUR QUELLE VIE ? QUELLE QUALITÉ DE VIE ?

  • Peu rêvent de prolonger une vie de grabataire ou de dément.

  • Peu rêvent de prolonger une vie de souffrances (morales et/ou physiques)

Seuls les convaincus sont heureux d’une souffrance rédemptrice…

NOS ASSOCIATIONS :

LE SEUL ENDROIT OÙ ON PEUT PARLER DE LA MORT SANS SE SENTIR JUGÉ PAR LES AUTRES. (hors les cafés de la mort, les ateliers philo, … )

JE REÇOIS BEAUCOUP D’APPELS TÉLÉPHONIQUES, IL EST PLUS FACILE AUSSI DE SE CONFIER AU TÉLÉPHONE.

Je réponds du mieux que je peux : écouter, ne jamais juger, offrir des pistes de réflexion… expliquer la Suisse et la Belgique. aider à écrire des directives anticipées claires et fermes.

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