20 Juin 2020
La ballade des nonagénaires
Nonante ans est un bel âge
Disent tous ceux qui en sont loin
Dix ans de plus sur ce chemin
Et on devient un hommage À la « Vie » divinisée
Honorée, manipulée
Ceux qui ont la chance insigne À ce grand âge d’arriver
On les trouverait indignes
D’oser un tel destin bouder
Les bien-pensants et les clergés
Les condamneraient sans pitié
De se plaindre ils ont pourtant droit
Car ils n’ont pas la vie facile
Tout est trop haut, trop loin, trop bas
Et s’il leur arrive de se pencher
Ils sentent que tout vacille
De gauche à droite, de tête aux pieds
De s’accroupir s’ils ont l’audace
Ils sont inquiets pour le lever
Pourront-ils un appui trouver
Et sauveront-ils la face
Pour éviter d’importuner
Les indifférents qui passent
S’ils aiment lire les yeux trahissent
S’ils aiment chanter la voix s’en va
S’ils aiment écrire les mains faiblissent
Alors il faut bien qu’on pardonne
Aux fatigués qui abandonnent
Leur épuisant et vain combat
Pour qu’ils puissent persévérer
Il faut l’amour et l’amitié
Bien entourés, gâtés, choyés
Et parfois même caressés
Ils pourraient les tourments supporter
Et jusqu’au terme les surmonter
Mais comme l’a si bien écrit
Dans ses Maximes certain marquis
Un amour vrai est rareté
Et rare aussi est l’amitié
C’est donc aux aimants, aux amis
Que cette ballade je dédie
Marc Englert (9 août 2014)