Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
www.jacqueline.salenson.fr

fin de vie : droit à la mort volontaire accompagnée par un médecin pour que les lois permettent enfin aux médecins de RESPECTER les volontés de tous les citoyens quant à leur vie, leur santé, leur mort, exprimées dans leurs DIRECTIVES ANTICIPEES avec leur PERSONNE DE CONFIANCE nommée par écrit, Y COMPRIS en cas de DEMANDE D'IVV = interruption volontaire de vie , lorsque la mort s'annonce

nouveau témoignage: une femme va aller mourir en Suisse faute de pouvoir etre aidée en France

TEMOIGNAGE

transmis par l'association "le choix, citoyens pour une mort choisie"

Je suis née en août 1935. Je ne fêterai pas cet anniversaire.

Par contre, je fêterai le jour de ma mort, le 9 septembre 2020 chez Dignitas en Suisse.

Ce jour sera plus important, car la date a déjà été décalée une fois à cause de Covid-19 qui avait fermé les frontières.

 

J´ai 84 ans, je suis neuropédiatre à la retraite. Souvent, j'ai dû porter des messages de souffrance et de mort. J´ai aussi servi de mon mieux pour soulager, réconforter selon le serment d´Hippocrate. Il y avait beaucoup de conversations au sujet de la vie et la mort, des questions existentielles que les enfants et adolescents m´ont posées, ainsi que leurs parents.

Maintenant je me trouve dans la pente descendante de la vie. L´âge a fait ses ravages dans ma vision et mon audition mais laisse mon cerveau intact.

Je suis atteinte de DMLA atrophique depuis 2006, et durant les 4 dernières années mon audition a baissé. Depuis 3-4 ans je ne peux pas lire, depuis 2 ans je porte un appareil auditif.

J´ai perdu ma qualité de vie. Mes centres d'intérêts : lecture, littérature, philosophie, histoire, apprendre ce qui se passe dans le monde sur beaucoup de sujets, je ne peux plus les satisfaire.

Mon cerveau est intact mais sa nourriture n´arrive pas. La caméra, qui était mes yeux s’est lentement cassée par la vieillesse. J'ai compensé avec les touches de l'ordinateur et les moyens de la technologie les plus sophistiqués. Contre la perte d'audition, je contre-attaque avec un appareil auditif.

Pendant les 10 dernières années j’ai aussi aimé formuler mes pensées, les habiller de mots, et bientôt je ne pourrai plus écrire du tout.

La couleur bleue de la douleur.

Le soleil. Il fait mal quand il frappe les yeux, mais pas beaucoup. Juste une toute petite douleur, qui se sent à peine. La lumière faible d’un jour couvert fait mal elle aussi, mais un peu moins que la lumière du soleil. La lumière bleue de l’ordinateur procure la même sensation de douleur. Je porte les filtres, le filtre UV et le filtre contre la lumière bleue. Soulagement d’une toute petite douleur.

Pourquoi la lumière doit-elle faire mal ? Même le Siècle des Lumières avait sa douleur.

 

La plus grande douleur se trouve à l’intérieur. Il n’existe pas de protection contre elle. C’est une colère qui fait exploser le crâne jusqu’au point de rupture, mais qui ne donne pas mal à la tête. Elle ne fait que fracasser le cerveau, détruire ses fonctions. Les os du crâne restent intacts.

La colère est entrée par les yeux. L’appareil photo qui devait photographier la réalité s’est cassé. Les images sont devenues incompréhensibles. C’est à ce moment que la colère s’est introduite, la colère contre le fait que l’interprétation ne peut avoir lieu. La colère contre le fait que tout est devenu une langue étrangère, une langue totalement inconnue qui ne peut plus trouver une interprétation sensée. En dépit de la présence d’un dictionnaire, mais d’un dictionnaire incomplet.

La colère a donné naissance au chagrin. Il n’est pas noir comme la dépression, gris foncé comme la déprime. La couleur du chagrin est bleue avec des nuances, le bleu de la mer dans le bleu du ciel.

Le chagrin aussi a sa lumière, qui n’est pas vive, plutôt comme une petite flamme. On peut mettre sa main en coupe autour d’une flamme et sentir sa chaleur. C’est un peu la même chose avec le chagrin, il réchauffe un peu. Réchauffe la colère froide qui fracasse le cerveau. Pour qu’elle puisse pulser encore plus, comme si elle s’amplifiait par la chaleur.

Elle devient douleur, celle qui ne se voit pas de l’extérieur.

La douleur psychique dont la couleur est bleue.

Pourtant elle s’exprime par le bleu, les nuances, les expressions, qui sont la conscience.

La conscience de ce qui est la vie, une sorte de joie paisible. Une joie qui embrasse même la mort.

 

Point final. le 21 mai 2020

Mme E-A-N (*)

(*) Pour respecter sa vie privée , nous n’avons mis que les initiales de son prénom et nom

Pour adhérer à l’association « le choix citoyens pour une mort choisie :

https://www.helloasso.com/associations/le-choix-citoyens-pour-une-mort-choisie/adhesions/adherer-a-l-association-le-choix?utm_source=sendinblue&utm_campaign=Newsletter_n_5&utm_medium=email

"Le Choix - Citoyens pour une mort choisie"

Maison de la Vie Associative et Citoyenne / Boite N° 36

54 rue Jean-Baptiste Pigalle / 75009 Paris

contacts.lechoix@gmail.com

avec Nathalie Andrews qui vient de l'admd belge et nos médecins dr Labayle et dr Senet

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
E
Pour le choix du moment final...
Répondre
E
Cela devrait être la liberté de chacun que de choisir le moment de sa sortie autrement que violemment...
Répondre