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www.jacqueline.salenson.fr

fin de vie : droit à la mort volontaire accompagnée par un médecin pour que les lois permettent enfin aux médecins de RESPECTER les volontés de tous les citoyens quant à leur vie, leur santé, leur mort, exprimées dans leurs DIRECTIVES ANTICIPEES avec leur PERSONNE DE CONFIANCE nommée par écrit, Y COMPRIS en cas de DEMANDE D'IVV = interruption volontaire de vie , lorsque la mort s'annonce

Manifeste en faveur de l'aide active à mourir par R. Enthoven et mes commentaires

Franc-Tireur n°74 du mercredi 12 avril 2023 -

Manifeste en faveur de l'aide active à mourir par R. Enthoven.

Dix idées reçues sur l’aide à mourir

Défendre l'aide active à mourir, c'est aussi déconstruire les idées reçues à son sujet. Bref retour sur les objections et réticences les plus fréquentes.

1 « On va euthanasier des personnes sans leur consentement. »

FAUX. En Belgique, par exemple, la loi du 28 mai 2002 prévoit que le médecin pratiquant une euthanasie « ne commet pas d'infraction s'il est assuré que la demande est formulée de manière volontaire, réfléchie et répétée, et qu'elle ne résulte pas d'une pression extérieure».

Le droit de mourir ne peut reposer que sur la conscience individuelle et la volonté libre et éclairée, sous peine de légaliser/dépénaliser le meurtre ou l'assassinat.

La liberté de mourir suppose la demande de mort répétée par la personne en fin de vie, par elle seule et dans un cadre précis.

S'il y a des dérives aujourd'hui (comme il y en eut hier), il s'agit d'euthanasies clandestines sur des gens dont on ne connaît pas le souhait.

2 « Il va y avoir des héritiers profiteurs.»

FAUX. Tous les États ayant adopté l'aide active à mourir ont mis en place des protocoles de vérification importants afin d'empêcher les abus de cette nature.

Qui plus est, la nature humaine n'a pas attendu la loi pour produire des gens sans scrupule: l'hypothèse du mauvais usage d’une liberté n’est pas un argument contre l’attribution de cette liberté.

L’enjeu est , en l’occurrence, pour le législateur, de veiller, hier comme demain, au respect de la volonté libre et éclairée de la personne.

Il faut savoir que la famille demande plus souvent la prolongation de vie abusive d'un ou d'une ancêtre pour profiter d'une retraite avantageuse...

en particulier de la part de futures veuves dont les revenus vont être divisés par deux, pour celles qui n'ont pas travaillé, femmes au foyer...

Lors d'un héritage intéressant, sauf enfant unique, les héritiers se disputent les parts d'héritage... Combien d'héritages ne sont toujours pas résolus 10 ans après ? Beaucoup... Quel est l'intérêt d'avancer ou non la mort de quelques semaines ou même quelques mois ?

3 « Le suicide est déjà une Iiberté.»

VRAI, MAIS si, en effet, le suicide n'est plus interdit ni pénalisé, comment s'assurer que tout individu en fin de vie (qui en fait le choix) puisse effectivement passer à l'acte?

Que faire de tous ceux qui ne peuvent pas se donner la mort eux-mêmes? Que dire des maladies qui enferment l'individu dans son corps et l'empêchent d'accomplir ce dernier geste? Nous ne sommes pas égaux devant la possibilité du suicide.

D'autant que le débat ne porte pas sur les personnes « suicidaires» en raison de pathologies psychiques, mais sur celles qui sont atteintes d'une maladie incurable et handicapante.

4 « La loi actuelle suffit et répond déjà à toutes les demandes.»

FAUX. Comme l'ont démontré le dernier avis du Comité consultatif national d'éthique et le rapport d' information de la mission Falorni, la loi de 2016 (Claeys-Leonetti) ne répond pas aux situations particulières où les personnes restent condamnées à d'atroces souffrances en fin de vie.

C'est notamment le cas des patients atteints de la maladie de Charcot, qui ne peuvent bénéficier de la sédation profonde et continue telle qu'elle est énoncée par la loi.

Qui plus est, un tel protocole est d'une parfaite hypocrisie, puisqu'on laisse mourir la personne en supprimant le traitement médical, l'hydratation et l'alimentation, de façon qu'elle s'endorme en attendant la mort. Il s'agit d'une euthanasie déguisée.

Dans certains cas, des personnes meurent avec lenteur, ce qui entre en contradiction avec la volonté d'abréger leurs souffrances.

L'enjeu est, en l'occurrence, pour le législateur, de veiller, hier comme demain, au respect de la volonté libre et éclairée de la personne.

5 « La vie est sacrée. »

FAUX. En aucune façon. Si la vie était sacrée, l'IVG serait interdite, l'aide à mourir serait un homicide volontaire, et la perte d'un fœtus serait comparable à celle d'un enfant. La vie est peut-être un mystère, une énigme, mais elle n'est pas sacrée. C'est la liberté qui est sacrée. La sacralité de la vie relève d'une conception religieuse des choses qui n'a pas sa place dans la confection des lois en République.

Si la vie était sacrée, il n'y aurait pas de guerre et encore moins des guerres bénies par les églises !

6 « Le serment d'Hippocrate interdit de tuer.»

VRAI ET FAUX. Le texte initial du serment prononcé par Hippocrate au IVe siècle avant notre ère (et qu'on a raison de tenir comme le fondement de la déontologie médicale) contient effectivement la recommandation de ne jamais remettre « à personne du poison, si on en demande » ni « à aucune femme un pessaire abortif ». Mais il a été, heureusement, maintes fois amendé dans !'Histoire.

En vérité, il existe presque autant de « serments d'Hippocrate» que de pays, et le texte, qui n'a pas de valeur juridique, existe désormais sous la forme de la « Déclaration de Genève», dont la dernière révision (octobre 2020, pour la version française) contient les engagements suivants :

«Je respecterai l'autonomie et la dignité de mon patient. Je veillerai au plus grand respect de la vie humaine», tous deux compatibles avec l'aide active à mourir.

7 « Le droit à la vie empêche un droit de mourir,»

FAUX. La Cour européenne des droits de l'homme a reconnu récemment, dans un arrêt de 2022, qu'on ne pouvait déduire du droit à la vie l'impossibilité d'une législation qui consacrât, dans les États membres, l'aide active à mourir.

En effet, le droit à la vie doit être entendu comme un droit de ne pas se voir imposer la mort.

En revanche, il n'empêche nullement la possibilité pour l'individu d'accéder à une mort choisie par lui-même, dans un cadre précis de fin de vie où une telle demande résulte de sa seule volonté, avec une conscience libre et éclairée.

8 « Il n'est pas naturel de décider de sa mort.»

Chacun fait et pense ce qu'il veut ! C'est tout l'intérêt de la liberté.

Ceux qui considèrent qu'il n'est pas « naturel» et donc (à leurs yeux) pas souhaitable de décider du jour de sa mort sont libres de ne pas le faire, ou bien encore de changer d'avis.

Tout individu peut souscrire aux arguments naturalistes comme aux arguments religieux.

En revanche, ils sont légalement irrecevables.

A l'échelle juridique et collective, la question est la suivante:

une personne en fin de vie atteinte d'une maladie incurable peut-elle décider de sa mort?

Une fois posé le cadre de la liberté, ce droit n'enlève rien et ne s'impose à personne.

Mourir – plus vite- devient un choix que l'on peut faire, ou non, selon ses convictions, ses craintes ou ses douleurs, dans un cadre précis et défini par la loi.

Ce qui, aujourd'hui, en France, n'est pas le cas.

9 « On va obliger les soignants à accomplir un geste létal

FAUX. Le médecin ou soignant qui aurait à traiter une demande d'aide à mourir ne sera évidemment pas dans l'obligation de faire ce geste.

Aucun soignant ne peut être contraint à un tel acte puisqu'il bénéficie d'une clause générale de conscience dans ses droits, à laquelle s'ajouterait une clause de conscience spécifique, comme c'est aujourd'hui le cas pour l'IVG.

En revanche, le soignant réfractaire aura le devoir de transmettre le dossier du malade à l'un de ses confrères.

Il est donc malhonnête d'invoquer les « réticences des soignants», dans la mesure où aucun d'eux, répétons-le, ne serait contraint, le cas échéant, d'accomplir ce geste.

10 « Si les soins palliatifs étaient mieux dotés, on demanderait moins à mourir.»

POSSIBLE. Et l'urgence est aussi de développer les soins palliatifs (un hôpital sur quatre, en France, n'a pas d'unité de ce nom).

Mais subordonner le souhait de mourir à l'insuffisance des structures ·d'accueil ou au défaut de personnel, et considérer, par conséquent, qu'il suffirait de remédier à cela pour qu'aucun malade, jamais, n'exprime une telle volonté, c'est réduire une décision à un contexte.

Or si une décision est comptable des déterminations qui la précèdent, elle ne s'y réduit pas.

La décision de mourir ne dépend pas seulement des carences du système.

Ce n'est pas le défaut de soins qui pousse les gens à vouloir en finir mais la maladie elle-même.

La douleur d'être prisonnier de son corps n'est pas soluble dans la morphine.

De façon générale, il n'y a aucun sens à séparer soins palliatifs et aide active à mourir:

comment accorder le droit d'en finir sans augmenter les moyens d'accompagner celui qui ne fait pas ce choix?

Comment décider, en conscience, de mettre un terme à ses souffrances, sans avoir pris connaissance des moyens de les apaiser?

Aucune loi sur l'aide active à mourir n'est pensable sans un véritable plan de financement des soins palliatifs.

Une loi complète accorde à chacun la possibilité de suivre un parcours de soins. Ou d'y mettre un terme.

 

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