24 Décembre 2023
VERDICT : il y a eu meurtre = intention de tuer. 2 ans de prison avec sursis.
Un médecin “soi-disant”criminelle peut continuer à exercer!
La presse et les medias en ont fait leur “une”dans un climat délétère de recul incessant de la part du gouvernement pour mettre à l'Assemblée le projet de loi pour l'aide médicale à mourir. La presse parle d'euthanasie = meurtre... ce qui n'est pas.
NOTRE POINT DE VUE : Chronique de Michel Bouyssière présent pendant tout le procès et Jacqueline Salenson, présente le jeudi matin et le vendredi après midi jusqu'au verdict, représentants “le Choix citoyens pour la mort choisie” dans le Segala (Tarn, Tarn et Garonne et Aveyron). Nous avons pu parler au médecin et à son avocat, aux journalistes.
DÉFINITIONS
Depuis 2012, l'OMS définit la mort comme étant la mort cérébrale, c'est-à-dire lorsque le cerveau a cessé de fonctionner (coma profond irréversible), et que l'organisme est maintenu en vie artificielle par des appareils de respiration et des médicaments.
Le mot « euthanasie » signifie l'aide donnée à un patient mourant qui réclame la mort, délivrance de ses souffrances incurables. Ce n'était pas le cas, la patiente était dans un coma avancé.
LA PERSONNE QUI EST MORTE : Mme Monique Teisserenc a 84 ans, un coeur qui tient par un fil, la médecine lui a déjà évité la mort à plusieurs reprises : après 2 stents posés dans les années précédentes, depuis le début de l'année 2018 elle a frôlé la mort 5 fois déjà : 5 hospitalisations avec comas : 1 à Perpignan, puis 4 à Montpellier. Elle a perdu 20 kg en 3 mois. Elle est très faible. Sa fille de Lavaur la prend chez elle en décembre et elle tombe à nouveau dans le coma. Le médecin appelé l'envoie en urgence vitale à l'hôpital de Lavaur où elle arrive le 13 décembre 2018 après que les hôpitaux d 'Albi et de Toulouse l'aient refusée: cas désespéré et pas de place.
Le médecin légiste qui a fait l'autopsie dit que le coeur était totalement usé, et qu'elle était morte (mort cérébrale) avant l'intervention du médecin.
LE MÉDECIN: Le Dr Anne-Marie Letrilliart (intérimaire à l'hôpital de Lavaur, anesthésiste, 68 ans à l'époque) est alors interrompue dans son travail (elle intervenait sur une césarienne) par l'urgentiste débordé qui doit libérer son box et lui demande d'intuber la patiente placée au service de soins continus. Elle est fatiguée, elle obéit par réflexe.
Elle aurait dû refuser : c'est de l'obstination déraisonnable, interdite par la loi ! Mme Teisserenc est dans un coma profond. Mort cérébrale. Il n'y a plus rien d'autre à faire que d'empêcher les souffrances corporelles de l'agonie. Pas de directives anticipées, et la famille a dit trop tard que la mourante ne voulait pas d'acharnement.
Elle se dépêche, retourne soigner les autres malades. Un peu plus tard, pour tester la possibilité pour les enfants de dire au revoir à leur mère, elle allège le sédatif (ce que recommande la loi actuelle) et devant les réactions de la mourante : convulsions agoniques, elle renonce et ré-augmente les doses de tranquillisants. Puis l'anesthésiste injecte du curare, seul moyen de stopper très vite les convulsions, horribles pour la famille présente qui demande que çà cesse, et débranche le respirateur : c'est la fin, tout autre acte serait de l'obstination déraisonnable. Elle propose à l’infirmière et à l’aide soignante de sortir.
Infirmière et aide soignante appelées à la barre comme témoins, disent avoir été surprises par cette DÉCISION NON CONCERTÉE, SANS RESPECT DE LA PROCÉDURE COLLÉGIALE.
Pour avoir précédemment pratiqué une procédure collégiale, elle sait que cela prend trop de temps quand on travaille en urgence, son collègue urgentiste est débordé lui aussi.
Oui, elle n'a pas respecté cette procédure collégiale. Elle a agi par humanité : il fallait supprimer d'urgence les souffrances des convulsions sur une vie déjà éteinte (mort cérébrale) , ce que la famille présente demandait.
L’anesthésiste a informé sa hiérarchie après son acte.
La direction de l'hôpital, qui venait de faire entrer Jalmav (association d'accompagnement aux soins palliatifs), a signalé les faits quelques jours après, auprès du parquet de Castres et de l'Agence régionale de santé.
D'où enquête et procès 5 ans plus tard, juste avant l'abandon des poursuites. La spirale infernale!
ACCUSATION DE MEURTRE (on emploie le mot “euthanasie” à tort ) = intention de tuer, donc avec violence.
MAIS AUCUNE CONVOCATION AUPRÈS DE L'ORDRE DES MÉDECINS. ELLE A CONTINUÉ À EXERCER. L'ORDRE DES MÉDECINS LAISSERAIT UN MÉDECIN CRIMINEL CONTINUER D'EXERCER?
L'avocat général a requis l'accusation de meurtre et 3 ans de prison avec sursis .
Les avocats de la défense, Mes Laurent Bélou et Véronique Mas-Heinrich, ont plaidé pour l'acquittement de leur cliente, qui n'a rien d'une criminelle : "Une meurtrière, c’est celle qui veut faire mal, Madame Letrilliart c’est exactement l’inverse. Et elle a effectué un acte médical pratiqué dans tous les services hospitaliers"
Les jurés ont suivi les recommandations de l’avocat général :
VERDICT : Il y a bien eu intention de tuer. Deux ans de prison avec sursis. Elle ne les fera pas. Elle pourra continuer à exercer.
Ce qui avait été demandé par l'avocat général et la famille : la condamner mais pas de peine!!! HYPOCRISIE TOTALE!!!
Cette décision apaise la famille et lui permet de se reconstruire", dit Me Nicolas Nassier.
Les proches disent : "La justice a été rendue. Pour nous, elle ne part pas en prison, elle a compris qu'elle avait commis une erreur et c'est tout à son honneur de s'être dénoncée. D'avoir pu être là, on a rendu hommage à notre mère et grand-mère et elle peut reposer en paix". Et la famille qui s'est porté partie civile la veille du procès, 5 ans après les faits, poussés par un huissier... après des remerciements le jour même au médecin qui avait apaisé les souffrances, puis un calme plat, aura droit à des indemnités compensatrices... (qui seront calculées le 8 mars au tribunal d'Albi)
SON HONNEUR DE MÉDECIN DÉVOUÉE EST BAFOUÉ.
Elle peut faire appel... mais elle a 73 ans... fatiguée et incomprise...le fera-t-elle?
Peut-elle avoir l'espoir de laver son honneur bafoué ?
NON, il n'y a eu ni euthanasie ni meurtre, il y a eu en réalité arrêt des soins pour éviter l'obstination déraisonnable. PARFAITEMENT LÉGAL.
La personne était en réalité déjà morte (mort cérébrale) avant son intervention.
Seules erreurs : avoir commencé de l'obstination déraisonnable (intubation) pour obéir à l'urgentiste débordé, et ne pas avoir suivi le protocole de décision collégiale , à cause de l'urgence de supprimer des convulsions horribles à la demande des proches présents.
HONTE POUR CETTE JUSTICE INJUSTE !!!
en colère pour cette loi qui traîne et pousse la justice dans l’inhumanité ...
Mais je me dis : Si j’étais à la place de la mourante , j'approuverai l’anesthésiste .
Qui des jurés et des enfants de cette dame ont réfléchi et écrit leur directives anticipées ?
Vu l’état de leur mère , les enfants avaient ils réfléchi sereinement à la mort imminente de leur mère ? En Belgique ou en Hollande le médecin de famille aurait abordé cette question bien plus tôt et appliqué leur loi .
MORALITÉ : acceptez la mort liée à la vie par essence, ECRIVEZ VOS DIRECTIVES ET PARLEZ EN avec vos enfants, ou/et vos parents pour les plus jeunes (la mort n'a pas d'âge, un accident est si vite arrivé …) et avec votre docteur , s'il est toujours “de famille”.