30 JANVIER 2011
par jacqueline salenson, déléguée admd34, administratrice admd.
Suite aux débats sur la fin de vie, sur la nouvelle proposition de loi discutée au sénat, rejetée de peu, pourtant très mesurée, voici mes commentaires:
J'AI REGRETTÉ que les débats aient donné lieu à des affirmations idéologiques des opposants, à leurs fantasmes et leurs peurs plus qu'à des commentaires sérieux sur les textes proposés en comparaison de ceux de la loi actuelle, jamais analysés. On a joué sur la peur...qui assure certain pouvoir...
Au sein du Sénat, c'est dommage, cela dénote un manque de travail, d'étude des textes et de la réalité du terrain de certains sénateurs, qui vivent dans leur monde, au dessus des préoccupations des citoyens ordinaires.
J'ai regretté la pression exercée par l'Opus Dei, et ses amis, et certains ministres ou médecins « grands pontes », contre une proposition très raisonnable, largement relayée par des médias trop obéissants au gouvernement.
J'AI AIMÉ que dans les débats radiophoniques en particulier, les citoyens aient pu dire leur horreur des fins de vie actuelles, trop souvent, des souffrances vécues, d'une médecine inhumaine, technocrate, et leur espoir d'une loi qui les écoute, d'une médecine revenue au service de ses « clients », cela correspondait bien aux 94% d'avis favorables du dernier sondage. J'ai entendu aussi une demande de référendum organisé par le gouvernement sur ce sujet.
Voici la réponse d'une adhérente, qui se bat courageusement pour vivre malgré son handicap qui s'aggrave depuis 50 ans...
MA VIE M'APPARTIENT: Je ne crois pas que la vie m'a été donné par un dieu ou un autre et qu'elle lui appartient. Pour moi, la vie est donnée par les parents, de bon cœur ou pas, par hasard, ou par leur volonté, et après l'enfance subie, sous l'autorité des parents ou tuteurs, avec du bien et du mal, en général un peu des deux, chacun prend sa vie d'adulte en main: des hauts et des bas, des joies et des peines, avec une bonne santé ou une mauvaise santé, passagère ou durable, et la mort au bout, comme pour tout être vivant. La vie continuera avec les générations suivantes...
Pour moi, ma vie s'arrête avec ma mort, ensuite, mon souvenir vivra encore quelque temps, dans la mémoire de ceux qui m'ont côtoyée. Je ne fais pas partie de ces génies, artistes ou scientifiques créateurs, bâtisseurs, ni de ces rois, dont la trace, même lointaine, est venue jusqu'à nous, et perdurera encore longtemps.
Je sais que d'autres humains pensent différemment, c'est ainsi.
Je suis pour liberté des croyances.
Mais, si je respecte la croyance des autres, je demande qu'ils respectent la mienne!
JE REFUSE LA LOI ACTUELLE QUI DONNE TOUS LES POUVOIRS SUR MA VIE AU MEDECIN, dès lors que je ne pourrai plus m'exprimer, et ce malgré l'expression de mon désir de fin de vie, lié à ma philosophie de vie, écrite dans mes directives anticipées, réitérées tous les 3 ans, relayées par la personne de confiance que j'ai désignée depuis longtemps.
DES 18 ANS, PENSEZ A ECRIRE VOS DIRECTIVES ANTICIPEES ET A NOMMER VOTRE PERSONNE DE CONFIANCE? AU CAS OÙ... cela serait utile pour vous et vos proches, accident, maladie brutale...
LISEZ LA LOI ACTUELLE!, nul n'en a jamais parlé dans les débats!:
LOI no 2005-370 du 22 avril 2005 relative aux droits des malades et à la fin de vie, NOR : SANX0407815L
Après l’article L. 1111-9 du code de la santé publique, il est inséré un article L. 1111-13 ainsi rédigé :
« Art. L. 1111-13. − Lorsqu’une personne, en phase avancée ou terminale d’une affection grave et
incurable, quelle qu’en soit la cause, est hors d’état d’exprimer sa volonté, LE MÉDECIN peut DÉCIDER de limiter ou d’arrêter un traitement inutile, disproportionné ou n’ayant d’autre objet que la seule prolongation artificielle de la vie de cette personne, après avoir respecté la procédure collégiale définie par le code de déontologie médicale et CONSULTÉ la personne de confiance visée à l’article L. 1111-6, la famille ou, à défaut, un de ses proches et, le cas échéant, les directives anticipées de la personne. SA DÉCISION, motivée, est inscrite dans le dossier médical.« Le médecin sauvegarde la dignité du mourant et assure la qualité de sa fin de vie en dispensant les soins visés à l’article L. 1110-10. »
C'EST BIEN LE MÉDECIN QUI DÉCIDE SEUL DE MA VIE, MAINTENANT!
AUTRE REMARQUE SUR LA LOI ACTUELLE, décidément ignorée:
On y a interdit l'obstination déraisonnable, certes, mais pourquoi tant d'acharnement thérapeutique perdurent encore, couramment?
TOUT SIMPLEMENT, LÀ ENCORE, PARCE QUE C'EST LE MÉDECIN, SOUS SA SEULE INITIATIVE, QUI PEUT DÉCIDER DE RÉUNIR SON ÉQUIPE S'IL VEUT CESSER LES TRAITEMENTS. il est donc juge et partie. Qui va dire: je suis déraisonnable???
Certes, depuis janvier 2010, un nouveau décret a permis que la réunion de l'équipe médicale puisse être demandée par la personne de confiance, malgré un médecin qui y serait opposé. Qui le sait? Qui l'a fait? Et le monde médical connait la pression facile d'un chef de service sur son équipe: quel infirmier osera s'y opposer, au risque de perdre sa place? C'est tout de même un progrès, à connaître et utiliser. Cela peut faciliter des procès aux médecins déraisonnables.
JE DEMANDE LE RESPECT DE MES VOLONTES ECRITES SI J'ARRIVAI AU STADE D'UNE VIE SANS EXPRESSION POSSIBLE, de façon irréversible, incurable:
Pour moi, c'est alors une demande d'aide à mourir, sans souffrances, le plus vite possible, qu'elle soit par « suicide » ou auto-délivrance (mot que je préfère) assisté, si c'est possible, par « euthanasie » donnée par un tiers ou à la rigueur par cette euthanasie passive qu'est la sédation terminale, mais surtout que çà ne dure pas au delà de 48h! après c'est de la torture morale, tant pour moi, au cas où je m'en apercevrai malgré mon état, que pour mes proches auxquels je ne veux pas infliger cette souffrance.
Pour un autre, ce sera la prolongation de sa vie,« éternelle »???, avec toutes les techniques que la médecine technocrate permet, avec ou sans souffrances...
Pour un 3ème, ce sera simplement laisser mourir, de faim et de soif, avec des drogues pour ne pas ressentir les souffrances (du moins on l'espère...)...çà peut durer 6 semaines d'agonie, voire plus...
LA LOI DOIT RESPECTER TOUS LES CITOYENS:
ceux qui pensent comme moi, et ceux qui ne pensent pas comme moi
C'EST POURQUOI ELLE DOIT ETRE ENFIN MODIFIEE!
ELLE DOIT NOUS DONNER LE CHOIX DE NOTRE FIN DE VIE:
développement des soins dits « palliatifs » oui, bien sûr: le médecin doit soigner, au sens du « care », même s'il ne peut pas guérir, ni rendre la vie supportable, ce n'est ni un magicien, ni un dieu, il doit avoir cette humilité... et il doit soulager les souffrances (morales et physiques) de son client du mieux possible, il peut le faire même si cela doit abréger la vie (loi actuelle).
Cela devrait être une évidence, la base de son métier... en fin de vie ou non. Formation des médecins et des soignants à revoir d'urgence.
autorisation pour le médecin d'aider à mourir sans souffrances, suivant la demande de la personne, en fin de vie (état de santé déficient de façon irréversible et incurable), demande orale répétée ou demande écrite précédemment (expression devenue impossible) pour une mort selon les directives anticipées ou volontés de la personne (auto-délivrance assistée, « euthanasie » active ou passive) : on ne revient pas sur un testament!
Nous sommes sûrs que le débat sera repris:
Après des propositions de loi nouvelle proposées au parlement en novembre 2009, au sénat en janvier 2011, le nombre de voix favorables chez les élus augmente. Nous espérons qu'il rejoigne l'avis des citoyens:
Liberté de choix pour tous! Une médecine humaine, au service de ses « clients ».
Respect des volontés et des philosophies de vie de chacun, c'est là le respect de la dignité!
Il est temps de reparler de la mort, du fait que nous sommes mortels. La mort fait partie de la vie.
La médecine n'y peut rien.
Malgré des progrès certains pour guérir, prolonger des vies dans de bonnes conditions, elle peut aussi prolonger, avec ses machines, des vies végétatives, sans expression, sans communication humaine.
Malheureusement les progrès eux mêmes sont trop souvent réservés aux occidentaux, aux riches et aux puissants de la terre, de façon injuste et inégalitaire.
Comme le disait ce médecin malgache venue étudier à Paris: « vous réanimez vos vieux et vous laissez mourir nos gosses... » (Docteur Denis Labayle: « pitié pour les hommes » éd stock)...