16 Janvier 2012
POURQUOI L'ADMD ? DEPUIS 1980...
Depuis les années 1970, l'explosion des techniques médicales, des machines en tout genre, a entraîné un acharnement médical, favorisant la recherche médicale et pharmaceutique . En permettant l'allongement de la vie très souvent, à tout prix, on ne s'est pas occupé de la qualité de cette prolongation.
TROP DE SOUFFRANCES, MORALES ET PHYSIQUES, PERDURENT, QUE CERTAINS TROUVENT ENCORE NATURELLES...VOIRE RÉDEMPTRICES, des coûts exorbitants, tant pour le collectif (sécurité sociale et mutuelles) que pour les particuliers, mais où les assurances privées s'enrichissent : la folie de l'Homme qui ne veut pas mourir... et paierait n'importe qui, même le diable, pour espérer gagner quelques instants de vie...ne date pas d'hier...
ET ON RESTE LÀ, À REGARDER MOURIR CELUI OU CELLE QU'ON AIME, IMPUISSANT car les médecins décident (les refus de soins par le malade pourtant légaux depuis 1999 sont très mal vus, les médecins font tout pour les éviter), sans pouvoir communiquer avec quelqu'un qu'on maintient artificiellement en vie, dans un état de délabrement tel que tous (l'intéressé et les proches) n'ont plus qu'un rêve : que la mort arrive, enfin, mort délivrance, mort soulagement...
On cherche à culpabiliser celui qui veut mourir, comme si vouloir mourir était encore un crime : le crime du suicide, longtemps condamné par l’Église romaine, crime supprimé par la Révolution française, mais toujours considéré comme une offense à leur Dieu. On veut culpabiliser celui ou celle qui aiderait à mourir, même pour soulager des souffrances insupportables à la demande. Dieu donne la vie et la reprend et les médecins seraient le bras de Dieu ? soins longtemps réservés à l’Église...
On veut culpabiliser les proches qui demandent aux médecins le soulagement de la mort pour ceux qu'ils aiment... et qu'ils regardent souffrir pour mourir, quand des médecins invoquent la nécessité des prolongations pour le progrès de la science... de quel progrès s'agit-il ? Recherche médicale, malades utilisés comme objets, comme cobayes ? Tant de personnes sont volontaires pour être des cobayes de la science qu'il est scandaleux d'utiliser comme cobaye des personnes qui ne le souhaitent pas et auxquelles on n'a rien demandé...
fin nov 2011 : Jean Mercier 83 ans, malade, (St Etienne) aide sa femme malade, 83 ans, qui n'en peut plus, à se suicider : par amour, pour que cessent ses souffrances, d'abord morales … comme ils se l'étaient mutuellement promis depuis plus de 20 ans, adhérents tous deux à l'admd, soutenu par ses enfants, il est mis en examen et menacé de condamnation pour homicide volontaire (comme un vulgaire truand) ou non-assistance à personne en danger... (danger de quoi ? de mourir en fin de vie ? est-ce un danger ou une chance ? de mourir sans souffrances lorsque la vie se termine?)
PROLONGER LA VIE ? Oui, bien sûr, si la vie qu'on nous allonge ainsi est une vie digne d'un humain, vie de mouvement et de communication. NON, si c'est pour devenir seulement un OBJET de soins, même attentifs, un corps sans communication humaine, un « cadavre ambulant » comme le disait le sénateur Caillavet, un « légume » comme on dit couramment. L'espérance de vie : environ 80 ans mais seulement 65 ans pour la bonne santé (état de bien-être, qui n'est pas l'absence de maladie, définition de l'OMS). Faut-il vivre plus en quantité ou vivre mieux en qualité?
LA DIGNITÉ ? Celle donnée par le regard qu'on porte sur soi-mêmeet non pas une dignité inhérente à un être créé par un Dieu que tous ne reconnaissent pas, pas une dignité créée par le regard de l'autre.
AUCUNE ÉGALITÉ entre les êtres humains dans un système médical qui ne s'occupe plus que de rentabilité, pas d'égalité dans la vie dans une société de plus en plus inégalitaire, pas d'égalité devant la mort :
Ceux qui ont de l'argentpeuvent aller en Suisse où on accepte des étrangers pour une aide au suicide.
Ceux qui savent peuvent se suicider en douceur, et « en douce », clandestinement, c'est le cas d'une majorité de médecins et soignants, tant pis pour les autres, qui ne savent pas comment s'y prendre, hors de la corde ou du fusil, de la défenestration, du rail ou de la route, on a interdit la divulgation au public de ces connaissances, et les médicaments les plus efficaces ne peuvent même pas être ordonnés par un médecin généraliste... drogues interdites sauf aux pharmacies des hôpitaux et cliniques.
Beaucoup de suicides dus à des soi-disant maladies mentales bénéficient de certificats de complaisance du médecin pour avoir droit à un enterrement religieux. Il y a plus de suicides réfléchis qu'on ne croit, la France bat le record des suicides en Europe, record pour les personnes âgées et handicapées, record aussi pour des jeunes désespérés d'une société qui les écartent.
L'EUTHANASIE, pour ceux qui ne peuvent pas (physiquement) se suicider,mais voudraient cesser leurs souffrances définitivement ? Elle est pratiquée clandestinement, tout le monde le sait.
Mais des médecins (l'Ordre et des grands pontes, souvent députés...) et les religieux refusent qu'elle soit pratiquée au grand jour, avec une loi qui établirait un cadre précis, pourquoi ?
La France n'est plus fille de l’Église et dévouée aveuglément au Pape, les citoyens français sont religieux, de différentes religions, beaucoup sont athées ou agnostiques, ils refusent des lois fondées sur un catholicisme qui reviendrait volontiers aux temps de l'Inquisition.
DEPUIS 32 ANS BIENTÔT, L'ADMD LUTTE POUR LE RESPECT DES CHOIX DE VIE (DONC DE MORT) DES CITOYENS, pour l'ÉGALITÉ et la LIBERTÉ des citoyens dans la vie, la maladie, le handicap, et la mort, pour que chaque humain puisse définir sa DIGNITÉ.
LA LOI A COMMENCÉ À S'INTÉRESSER AUX « PATIENTS » EN 1998 ! …
Avant les lois pour la santé des citoyens ne concernaient que les devoirs des médecins et soignants, le malade devant obéir au médecin.
Quels rapports entre le médecin et celle ou celui qui le consulte ? Nommé malade, patient... quelle patience faut-il en effet ne serait-ce que pour obtenir un rendez-vous, médecins pas assez nombreux ou disponibles? Pas assez payés (salaire moyen mensuel = 6 fois le smic!) Qui refusent de travailler où on a besoin d'eux ? Déserts médicaux ruraux et pléthore de médecins en ville...tous les étudiants en médecine veulent devenir spécialistes ou presque, très peu de généralistes futurs : on ne les y forme pas...
Pendant longtemps, c'est un rapport paternaliste, bourgeois, dominateur (le médecin rédige des « ordonnances », le mot veut tout dire!), qui s'appuie aussi sur la domination ancestrale de l’Église sur les soins dispensés aux pauvres, par charité et compassion, qui impliquent un supérieur et un inférieur.
Pourtant qui paie la médecine ? Les citoyens,par le biais du collectif : sécurité sociale, mutuelles, associations qui paient pour la recherche médicale, et aussi de leur poche, avec des dépassements d'honoraires de plus en plus fréquents et des dessous de table toujours demandés, bien qu'interdits par la loi , avec des médecins alternatives non remboursées, non reconnues bien que parfois plus efficaces?
L'état abandonne la santé publique au profit du privé : cliniques privées valorisée pendant qu'on abandonne l’hôpital public, assurances privées qui viennent relayer la sécurité sociale et les mutuelles, pour de coûts de plus en plus élevés. Médecine à plusieurs vitesses, selon votre richesse.Un scandale en République qui devrait être solidaire : liberté, égalité, fraternité.
On abandonne progressivement ce rapport de domination du médecin sur le malade, pour aller vers un rapport d'égalité pour les traitements et soins donnés en fonction du diagnostic ? Rapport d'empathie, pas de charité méprisante. Seul capable de redonner la confiance aux citoyens, lassés des scandales pharmaceutiques et médicaux liés à l'argent.
Le médecin a des connaissances – forcément limitées- sur les maladies, les médicaments, les traitements, mais seule la personne connait son corps et ses réactions, et sait comment elle dirige sa vie. Elle connait ses problèmes d'environnement, qui jouent bien évidemment sur sa santé. Elle est cliente, elle paie, elle a droit à la parole. Les médecins renâclent à la perte de leur pouvoir, pourtant encore très partielle.
LA LOI A PROGRESSÉ RÉGULIÈREMENT DEPUIS 1998 vers le respect des citoyens :
droit de voir ses souffrances soulagées (depuis 1999 : loi Kouchner), devoir des médecins et soignants depuis 1986 (soins palliatifs!!!) loin d'être appliqué...malgré l'interdit de l'euthanasie...
droit de voir ses souffrances soulagées au risque d'abréger la vie (2005, loi Leonetti)
droit de refuser des traitements ou soins (1999) après explications
droit de nommer (par écrit) sa personne de confiance (2002, loi Kouchner) : la seule qui soit habilitée à donner son avis aux médecins quant à une poursuite de traitements ou soins prolongeant la vie, si vous ne pouvez plus vous exprimer, les médecins doivent la consulter avant toute décision (le médecin décide toujours), elle s'appuiera sur vos écrits :
droit d'écrire vos volontés pour votre fin de vie, ou « directives anticipées » (2005 : loi Leonetti), disposition que nul n'a fait connaître ! On commence à faire connaître dix ans après le rôle très précis de la personne de confiance...
ELLE RESTE À ÊTRE APPLIQUÉE ET MODIFIÉE ENCORE POUR ALLER PLUS LOIN DANS LE RESPECT DU CITOYEN : à quoi servent vos directives anticipées alors que le médecin peut faire le contraire de ce que vous avez demandé ?Puisqu'il est seul décideur et que rien ne l'oblige à resepcter vos volontés. Les lois sur le soulagement de la souffrance sont loin d'être bien appliquées, trop de gens souffrent encore alors qu'on pourrait et devrait les soulager. Bien sûr, tout ne peut pas être soulagé : 20% des douleurs physiques et il est très difficile de soulager les souffrances morales liées à l'état de santé déficient, sauf parfois par la mort. Encore trop d'acharnement thérapeutique et palliatif pour prolonger autoritairement la vie, la nôtre ! Puisque ce sont les seuls médecins qui disent si les soins qu'ils pratiquent sont ou non déraisonnables :un progrès récent : la personne de confiance peut demander la réunion de l'équipe médicale afin d'arrêter des soins jugés déraisonnables par l'intéressé ou sa personne de confiance, mais
c'est toujours au final le médecin qui décide de notre vie. Scandaleux !
Où est la liberté ? Où est l'égalité ? Le respect du citoyen qui est obligé de payer ?
Prolonger sa vie à tout prix, laisser mourir sans intervention médicale -abandon- ou abréger la vie (euthanasie passive ou active) pour soulager les souffrances tant morales que physiques,
n'est-ce pas le choix de chacun ? À respecter par le médecin et la loi.