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www.jacqueline.salenson.fr

fin de vie : droit à la mort volontaire accompagnée par un médecin pour que les lois permettent enfin aux médecins de RESPECTER les volontés de tous les citoyens quant à leur vie, leur santé, leur mort, exprimées dans leurs DIRECTIVES ANTICIPEES avec leur PERSONNE DE CONFIANCE nommée par écrit, Y COMPRIS en cas de DEMANDE D'IVV = interruption volontaire de vie , lorsque la mort s'annonce

Leonetti et la dépénalisation de l'euthanasie:suite à l'article de Maxi

À la demande de Silviane le Menn, suite à l'article paru dans 'Maxi », je publie cette lettre, à laquelle j'ajouterai mes commentaires :

http://www.abadennou.fr/euthanasie/leonetti_mission_evaluation.html

 

 

De : Jean Leonetti <jleonetti@assemblee-nationale.fr>
Date : 10 octobre 2013 10:43
Objet : RE: EUTHANASIE - Article "CORALIE" dans MAXI magazine du 7 octobre 2013
À : Silviane LE MENN (abadennou.

Madame,

Vous avez bien voulu m’écrire sur le sujet si complexe et douloureux qu’est la fin de vie et je souhaite, à mon tour vous faire part de quelques réflexions sur ce sujet.

Tout d’abord, sachez que plusieurs personnes font  référence à un sondage selon lequel 94% des français seraient favorables à l’euthanasie. Un sondage peut-il  résumer une question aussi profonde, complexe, dont les résonances éthiques sont si larges, et les conséquences sociales et médicales tellement lourdes ?

Nous savons les sondages toujours suspectés, même lorsque ceux du journal « la Croix », que l'on ne peut pas soupçonner d'être favorable à la possibilité de certaines euthanasies, donne des résultats autour de 85% ???

J’interpréteraisplutôt les réponses à la question « lapidaire » posée, comme l’expression, pour les personnes interrogées, de l’aspiration bien légitime à une fin de vie digne et dénuée de souffrance.

Question lapidaire ou franche ??? pourquoi vouloir interpréter???

C’est à cette aspiration qu’a répondu, en 2005, la loi relative aux droits des malades et à la fin de vie qui incite à des évolutions très profondes dans ce domaine. Votée à l’unanimité par le Parlement (par les parlementaires présents : beaucoup d'absents, et à la majorité des sénateurs seulement) , cette loi est de l’avis de tous, et le nouveau Président de la République l’a rappelé récemment, un texte équilibré, mais encore mal connu.

Pourquoi cette loi est mal connue du public ? parce qu'on ne l'a pas fait connaître !!!

Elle est maintenant connue des médecins, qui refusent de l'appliquer, pourquoi ?

               D'abord parce que rien ne les y oblige... les médecins font ce qu'ils veulent...

Pour les patients qui ne peuvent plus s'exprimer, ils en ont le droit ! Même avec des directive anticipées écrites et une personne de confiance solide.

Pour les autres, la loi donne des indications à suivre :

  • pas d'obstination déraisonnable, mais où commence la déraison ? Nul ne le sait..., qui en juge ? Le médecin qui la pratique...

  • ne pas laisser souffrir (ni moralement ni physiquement!) mais on sait que seuls les hurlements de douleur atteignent les médecins... la souffrance discrète ne se voit pas...quand un médecin hospitalier voit son patient quelques secondes ou parfois minutes par jour...

sans s'assurer d'un contrôle indépendant des pratiques médicales ni de prévoir des sanctions pour loi non appliquée...

Le médecin qui n'applique pas la loi ne craint que des plaintes, voire procès de la part des victimes...

Quels mourants ont la force d'aller en justice ? Aucun évidemment... alors la loi n'est pas appliquée trop souvent.

L’Observatoire de la fin de vie a d’ailleurs recommandé dans son dernier rapport de renforcer la formation du personnel soignant et l’information.

Le texte interdit déjà  toute « obstination déraisonnable » (ou acharnement thérapeutique) et fait obligation au médecin de se conformer à la volonté du patient de mettre fin au traitement.Il  respecte le double objectif de « non abandon » et de « non souffrance » qui est au cœur de la problématique de la demande de mort et affirme qu’en fin de vie, la qualité de la vie prime sur la durée de la vie.

Aujourd’hui, l’urgence réside dans une meilleure application de la loi et l’augmentation du nombre de lits en unité de soins palliatifs afin que toute personne en fin de vie puisse avoir accès à un accompagnement.

L'urgence consiste à respecter les patients, y compris ceux qui demandent instamment une mort libératrice...

Augmentation de lits en unités de soins palliatifs ?

Depuis des années qu'on en parle, rien n'a été fait ou presque:

  • d'une part, çà coûte très cher, l'argent prévu à cet effet a toujours été détourné vers d'autres urgences hospitalières, très peu d'unités spécifiques en France... et la mort doit-elle devenir un spécialité médicale ? Je ne le pense pas...

  • d'autre part, mourir en unité de SP à l'hôpital n'est pas le rêve des français qui rêvent de mourir chez eux à 80%...

C'est une « culture palliative » de tous les médecins, y compris les généralistes, dont les français ont besoin, çà coûte moins cher et si tous les médecins traitants pouvaient accompagner dignement leur patient jusqu'à leur mort, chez eux, ce serait le rêve !

Culture palliative : c'est le retour aux fondamentaux de la médecine : accompagner l'humain, humainement, dans sa globalité psychique et physique, environnementale, soulager des souffrances, améliorer les conditions de vie par une santé meilleure si possible, guérir parfois, sachant qu'on ne sait pas tout guérir et que les humains mourront toujours : c'est la loi de la vie.

En revanche, aller plus loin que la loi, serait contraire à notre conception de la dignité de l’être humain et du respect de la vie car cela reviendrait à instaurer un véritable droit à la mort, équivalent d’un droit à la vie.

Mais pas du tout à la mienne et celle de mes amis :

Ma conception de ma dignité m'est personnelle, elle n'est pas universelle, elle ne distingue pas l'être humain des animaux (conception chrétienne d'un « homme » au dessus des autres animaux... pour moi, l'être humain est un animal parmi d'autres, plus évolué peut-être, différent, certes, mais rien de plus...)

elle est dans mon autonomie (relative), dans ma conscience, le reflet de ma liberté …

Votre respect de la vie va jusqu'où ?

  • À l'interdiction des guerres car elles tuent tant les civils que les soldats ?

  • Au soulagement impératif des morts de faim, de froid... des pauvres gens ?

  • Au refus des expérimentations sur l'être humain par une industrie pharmaceutique qui recherche d'abord le profit et par des chirurgiens qui innovent ? ….........

NON, vous le savez bien... , pour moi, oui, je voudrais tous ces refus...

Ma conception de la dignité, du respect de la vie, est-elle mieux ou moins bien que la vôtre ?

Doit-on en juger ?

Ou plutôt UNE LOI LAÏQUE NE DOIT-ELLE PAS RESPECTER TOUT AUTANT VOTRE CONCEPTION QUE LA MIENNE ???

La loi est faite pour TOUS les citoyens et pas seulement certains d'entre eux...

Une demande d'aide pour une interruption volontaire de vie ne me paraît en rien scandaleuse, lorsqu'on ne peut rien pour améliorer les conditions de vie, de santé d'une personne, ne doit-on pas la respecter ?

  • Pourquoi peut-on fournir sans ennui une arme pour un candidat au suicide, pour un suicide violent pour les proches, mais pas des médicaments, pour un suicide en douceur?

  • Le suicide n'est pas un crime, donc aider à un suicide ne doit pas être condamné.

  • Et détourner ce fait par la non assistance à personne en danger est honteux lorsqu'il s'agit d'une personne dont les conditions de fin de vie deviennent pour elle insupportables et que la médecine n'y peut plus rien.

Quant à ceux qui ne veulent pas de cette aide, il ne sera jamais question de leur imposer quoi que ce soit de contraire à leurs idées !!!

Le Président de la République a confié au Professeur Didier SICARD une mission surl’accompagnement des personnes malades en fin de vie. Dans ses conclusions remises le 18 décembre 2012 au chef de l’Etat le rapport confirme « l’application insuffisante » de la législation actuelle, « souligne avec force l’exigence d’appliquer résolument les lois actuelles plutôt que d’en imaginer sans cesse de nouvelles, l’utopie de résoudre par une loi la grande complexité des situations de fin de vie et le danger de franchir la barrière de l’interdit ».

Résolument opposé à la légalisation de l’euthanasie,

ce n'est pas ce que j'ai lu....

j'ai lu seulement qu'il faudrait prendre des précautions pour une loi dépénalisant certaines euthanasies... ce qui est évident...

le rapport souligne cependant « l’impératif du respect de la parole du malade et de son autonomie. »

alors comment conciliez-vous le respect de celui ou celle qui réclame une aide pour interruption volontaire de sa vie, et le refus de lui donner cette aide ?

Souhaitant qu’une nouvelle étape à la législation en vigueur soit franchie tout en faisant preuve de continuité, j’ai décidé de déposer une proposition de loi à l’Assemblée nationale, qui s’inscrit dans les orientations du rapport de la commission SICARD, et qui vise à renforcer les droits des malades et à garantir le respect de leur dignité.

Cette proposition de loi le fait sur deux terrains : celui de la sédation en phase terminale et celui des directives anticipées.

La définition de la sédation en phase terminale telle qu’elle figure dans les recommandations de la Haute Autorité de Santé est la suivante : « la recherche, par des moyens médicamenteux, d’une diminution de la vigilance pouvant aller jusqu’à la perte de conscience, dans le but de diminuer ou de faire disparaître la perception d’une situation vécue comme insupportable par le patient, alors que tous les moyens disponibles et adaptés à cette situation ont pu lui être proposés et mis en œuvre sans permettre d’obtenir le soulagement escompté par le patient ».

Cette proposition de loi donnera donc un droit exigible à la sédation pour les malades conscients, et atteint d'une affection grave et incurable en phase terminale, quelle qu'en soit la cause, lorsque les traitements et les soins palliatifs ne peuvent plus soulager leur douleur physique et leur souffrance psychique qu’ils jugent insupportables. Le même droit sera reconnu aux malades hors d’état d’exprimer leur volonté, lorsqu’ils ont exprimé cette demande dans leurs directives anticipées. Ce droit devient donc exigible.

Oui, mais l'expérience belge... et la nôtre montre que la sédation qui donne plus de 48h d'agonie provoque de grandes souffrances morales tant chez le « mourant » lorsqu'on le réveille de temps en temps, et qui se demande à quoi sert ce simulacre de vie, que chez ses proches qui sont contraints de le regarder mourir à petit feu, dans le coma, dans un lit d'hôpital, avec des tuyaux partout... alors que nul ne sait en réalité ce que ressent un comateux ...

La sédation empêche le citoyen « libre » de mourir en toute conscience, ce que certains souhaitent : regarder la mort en face, nous n'en avons pas peur...

Les progrès pour maintenir la vie n'ont pas pour but de prolonger la vie dans n'importe quelles conditions, mais de vivre mieux jusqu'à sa mort, en toute conscience.

Comme le rappelait le Professeur Axel Kahn devant la Mission d’évaluation de la loi Leonetti, la demande de mort « émane toujours d’une personne pour qui la vie est devenue insupportable, et qui estime qu’elle n’a d’autre choix que de l’interrompre. C’est tout à fait le contraire d’une liberté.

Axel Kahn n'est pas Dieu et on le sait troublé à vie par le suicide de son père... dont j'ignore les circonstances...

En quoi je ne serai pas libre de préférer la mort à une vie de souffrances incurables ???

Robert Badinter, Claude Evin, Emmanuel Hirsch sont opposés à une  dépénalisation de l’euthanasie.  Leurs avis doivent nous inciter à la plus grande prudence et la plus grande humilité, d’autant plus que l’on commence à découvrir des dérives dans les pays qui ont aujourd’hui légalisé l’euthanasie active puisque l’observatoire de la fin de vie note que dans ces pays, environ 30% des malades euthanasiés n’ont pas demandé la mort.

On peut citer de nombreuses personnalités favorables au contraire à certaines dépénalisations de l'euthanasie : Albert Jacquard, Stéphane Hessel, Philippe Bataille, ...

7 membres du précédent comité d'éthique (voir le rapport très partagé de ce comité)

Yves AGID, Joëlle BELAÏSCH-ALLART, André COMTE-SPONVILLE, Patrick GAUDRAY, Jean-Pierre KAHANE, Alice RENE, Michel ROUX, Michel VAN PRAËT

Comité d’honneur : soutien aux idées de l'admd :

Maurice Agulhon – Professeur honoraire au Collège de France

Hugues Aufray – Chanteur

Jean Baubérot – Fondateur de la sociologie de la laïcité

Etienne-Emile Baulieu – Biologiste, professeur au Collège de France

Nathalie Baye – Comédienne

Guy Bedos – humoriste

Louis Bériot – Journaliste

Pierre Biarnes – Sénateur

Pierre Bourguignon – Député honoraire

Antoine Bourseiller – Cinéaste

André Brincourt – Ecrivain, journaliste

Etienne Butzbach – Maire de Belfort

Michel del Castillo – Ecrivain

Noëlle Châtelet – Ecrivaine

Hélène Cixous – Ecrivaine

François de Closets – Ecrivain, journaliste

Yves Cochet – Ancien ministre, député européen

Christiane Collange – Ecrivaine

André Comte-Sponville – Philosophe

Boris Cyrulnik – Philosophe

Régine Deforges – Ecrivaine

Bertrand Delanoë – Maire de Paris

Danielle Delorme – Comédienne

Mylène Demongeot – Comédienne

Marc-Alain Descamps – Professeur de psychologie

Muguette Dini – Sénatrice

Mireille Dumas – Journaliste

Laurent Fabius – ancien Premier ministre, député

Dominique Fernandez – Ecrivain

Jean Ferniot – Journaliste

Viviane Forrester – Ecrivaine

Irène Frain – Ecrivaine

Yves Galifret – Professeur émérite à l’Université Paris VI

Jean-Pierre Godefroy – Sénateur

Benoîte Groult – Ecrivaine

Roger Hanin – Comédien

Nelly Kaplan – Cinéaste

Léonard Keigel – Cinéaste

Patrick Kessel – Journaliste

Jean Lacouture – Ecrivain

Philippe Lazar – Professeur

Marylise Lebranchu – ministre

Charles Libman – Avocat

Paul Lombard – Avocat

Jacques Mailhot – Chansonnier

Noël Mamère – Député

Marcel Maréchal – Metteur en scène

Henriette Martinez – Ancienne députée

Bruno Masure – Journaliste

Catherine Matausch – Journaliste

Albert Memmi – Ecrivain

Véronique Neiertz – Ancienne ministre

Michel Onfray – Philosophe

Marcel Ophuls – Cinéaste

Geneviève Page – Comédienne

Jean-Claude Pecker – Professeur honoraire au Collège de France

Gilles Perrault – Ecrivain

Piem – Dessinateur

Micheline Presle – Comédienne

Hubert Reeves – Astrophysicien

Michel Rocard – ancien Premier ministre

Claude Sarraute – Journaliste

Margie Sudre - Ancienne ministre

Pierre Sudreau – Ancien ministre, préfet

George Tarer-Tacite – Personnalité éminente guadeloupéenne

Bernard Thévenet – Ancien vainqueur du Tour de France

Michel Verret – Sociologue

Françoise Xenakis – Journaliste


Comment peut-on compter des euthanasies qui restent clandestines ???

car une euthanasie déclarée est une mort demandée par le patient,

et sinon, les lois du Benelux condamnent le médecin pour meurtre.

On sait que la limite entre sédation mortelle et euthanasie est parfois difficile à définir... elle vient principalement de qui décide :

le médecin ou le mourant.

On sait que la Belgique a violemment protesté contre des accusations injustifiées.

Il y a beaucoup moins de dérives dans les pays qui ont une loi cadrée que chez nous, où tout se fait dans la clandestinité.

  • Je n'oublie pas avoir entendu M Leonetti conseiller à des médecins (c'était à Montpellier, conférence pour des médecins catholiques... ) de transgresser la loi en cas de « nécessité » !!!
  • Je n'oublie pas avoir entendu M Leonetti dire que lui-même avait aidé des patients à mourir, en toute conscience, pour soulager leurs souffrances, à leur demande...

NON,

JE NE VEUX PAS D'UNE LOI QU'ON DOIT TRANSGRESSER,

JE VEUX UNE LOI QUI PUISSE S'APPLIQUER !!!

claire et cadrée, respectant la liberté de conscience de chacun (comme au Benelux)

L'aide à mourir par sédation, même délibérément brève, ou autre moyen employé par le médecin, n'est pas une euthanasie dès lors qu'elle est le geste médical ou soin DÉCIDÉ PAR LE MÉDECIN pour soulager les souffrances du mieux qu'il peut...

L'euthanasie est UN ACTE VOLONTAIRE DU « MOURANT »,

  • interruption de vie accompagnée et aidée par un médecin
  • ou quelqu'un d'autre, avec des médicaments fournis par le médecin,

                              dans le but de soulager des souffrances morales et physiques incurables.

Tels sont les éléments de réflexion dont je souhaitais vous faire part, et restant à votre disposition, je vous prie de croire, Madame, à l’expression de mes sentiments les meilleurs.

          Monsieur Jean LEONETTI

Député des Alpes-Maritimes, Maire d’Antibes-Juan-Les-Pins

Assemblée nationale, 101 rue de l’Université, 75007 Paris

0140637528


 

 

 

 

 

 

 

 

 

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