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www.jacqueline.salenson.fr

QUESTIONS DE VIE ET DE MORT, DROIT AU SUICIDE ACCOMPAGNE LOIS DU SYSTEME DE SANTÉ QUANT A LA FIN DE LA VIE/ pour que les lois permettent enfin aux médecins de RESPECTER les volontés de tous les citoyens quant à leur vie, leur santé, leur mort, exprimées dans leurs DIRECTIVES ANTICIPEES avec leur PERSONNE DE CONFIANCE nommée par écrit, Y COMPRIS en cas de DEMANDE D'INTERRUPTION DE VIE VOLONTAIRE, en fin de vie, avec "le choix" et "Ultime Liberté"

Lettre de Bernard Senet, Médecin généraliste retraité, soins palliatifs, au président du CNNE: oui à la possibilité d'euthanasie

Lettre de Bernard Senet, Médecin généraliste retraité

a travaillé en soins palliatifs et en EHPAD
Membre du Collège décisionnel de l’association Le Choix – citoyens pour une mort choisie

Monsieur le président du CCNE, 

Il m'est difficile de penser que votre dernier avis concernant la fin de vie soit le fruit réel de vos rencontres avec les personnes concernées.

Plus de 85 % des Français, depuis plus de 20 ans, se prononcent régulièrement en faveur d’une législation encadrant l'aide active à mourir.

Vous dites que cela ne concerne qu'une "fraction" des patients, est-ce une raison pour leur refuser une possibilité maintenant offerte dans d'autres pays ?

La Belgique ou le Québec ont-ils constaté une surmortalité suite à la légalisation de l'euthanasie ?

Si vous étiez médecin praticien de terrain, vous auriez à traiter au plus une à deux demandes d'interruption volontaire de la vie (IVV) par an.

Et, comme de nombreux confrères, vous feriez ce geste que j'aime à qualifier de "dernier soin".

Bien entendu vous le feriez en cachette, le procureur pouvant vous poursuivre pour "crime avec préméditation", ce qui vous expédie devant les assises.

Ou vous ne le faites pas, abandonnant un patient en souffrance  (alors qu'il vous a souvent fait confiance au cours de sa maladie) aux médecins prescripteurs de traitements pas toujours confortables.

Impuissance

Les médecins et soignants ont presque tous été témoins de situations de fin de vie dans des conditions peu supportables, où l'angoisse et la douleur sont difficilement et insuffisamment soulagées.

Malgré les moyens dont dispose la médecine, trop de patients souffrent.

Les soignants ressentent alors leur impuissance, voire leur manque de formation et souvent découvrent leurs limites.

L'insuffisance de la loi actuelle, qui permet l'arrêt de l'alimentation et de l'hydratation ainsi que la sédation profonde et continue, les met parfois en situation de transgression.

Quand l'accompagnement du malade l'impose, ils pratiquent alors ce "dernier soin".

Pour ne pas avoir à vivre cette dernière étape vers la mort, certaines personnes se rendent en Suisse ou en Belgique, accompagnées ou pas.

Qui de nous n’a pas en mémoire l’une de ces personnes ? C'est un choix douloureux que de quitter son entourage et son cadre familier pour aller finir sa vie comme on le souhaite. Ces décisions d'exil entraînent de grandes souffrances physiques et psychologiques.

Nous continuons d’espérer que notre actuel Président de la République et les législateurs feront preuve de volonté, de courage ou tout simplement de compassion pour voter une loi répondant à la demande de la majorité des Français, soit dans le cadre des lois de bioéthique, soit dans celui des lois de santé publique.

Suite logique de la loi Claeys-Leonetti

Deux pétitions citoyennes, apolitique et sans aide associative, mises en ligne, en 2014 par Nathalie Gueirard Debernardi et en 2017 par Marie Godard, ont recueilli à ce jour plus de 350 000 signatures.

En conséquence, le Conseil économique social et environnemental s'est saisi du dossier de la fin de vie.

L'intention exprimée par la Ministre de la santé et des solidarités de continuer à améliorer l'accessibilité aux soins palliatifs est louable.

Il faut effectivement que les soignants soient mieux formés à leur pratique, que la douleur soit plus efficacement prise en charge, que le refus de l'obstination déraisonnable soit respecté par les médecins, et que les malades aient accès à la sédation profonde et continue.

Pour les patients qui le veulent, il est cependant indispensable de disposer d'une loi permettant, à leur demande, de les accompagner, y compris médicalement, vers la mort.

Ce serait une simple suite logique de la loi Claeys-Leonetti qui impose le respect des directives anticipées, à défaut de la parole de la personne de confiance.

Cette nouvelle loi, strictement encadrée, aura pour conséquences que les soignants seront libérés des menaces judiciaires et les patients sécurisés, assurés du respect de leur choix, ce qui leur permettra de vivre un peu mieux les pathologies lourdes et invalidantes.

Un exemple douloureux et évocateur

Avant d’achever cette lettre, je vous soumets ce cas douloureux d’une jeune fille qui avait atteint ses 14 ans malgré un sarcome de la pire espèce qui l’avait attaquée à 12 ans.

Elle avait, soutenue par ses parents, fait face aux chimios, aux radiothérapies, à la chirurgie invalidante.

Elle se savait condamnée et a convaincu ses parents de la laisser partir tandis qu’elle était encore « présentable » (son mot).

Qu’auriez-vous fait Monsieur Delfraissy ? Sédation, en la laissant s’éteindre pendant plusieurs jours devant les siens, impuissants ? Ou aide active à partir, dignement et sereinement ?

Nous demandons au Président de la République et aux parlementaires de prendre en compte ce qui précède et de mettre tout en œuvre pour que soit rapidement votée une loi permettant à chaque citoyen de choisir le moment et la manière de sa mort, lorsqu'il juge que la maladie ou un accident lui a totalement retiré toute qualité de vie.

Post scriptum à l’intention des lecteurs du JIM :

Je vous invite à visiter le site internet de l’association LE CHOIX https://www.mortchoisie.org.
Vous pouvez également nous donner votre avis sur cette tribune et sur la loi actuelle, ici : https://www.mortchoisie.org/notre-manifeste/l-avis-des-médecins-et-du-personnel-soignant/
et partager vos expériences du terrain, ici : https://www.mortchoisie.org/vos-commentaires/témoignages-de-médecins/  ou ici :  https://www.mortchoisie.org/vos-commentaires/témoignages-du-personnel-soignant/


 

 

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