9 Juillet 2023
Mourir dans «Ma» dignité, par YVON BUREAU
travailleur social, implication dans les soins de fin de vie
Jeudi, 11 mai 2023
Depuis près de quarante ans, au Québec, on parle de testament biologique, de testament de fin de vie; plus tard, il est question de souhaits de fin de vie, de volontés de fin de vie, de directives de fin de vie, ...; bref, on parle de dignité, de Mourir avec dignité; en 1991, l’Agora organise le Colloque Mourir avec dignité. Plus tard, c’est le long règne de l’expression Mourir dans la dignité. Maintenant, il est temps d’affirmer le Mourir dans MA dignité.
Toutes ces nuances nous amènent à parler du 32e Congrès annuel de l’Association québécoise des soins palliatifs (AQSP). Il aura lieu les 11 et 12 mai prochains, au Centre des congrès de Québec. Avec un thème des plus inspirants et surtout des plus rassembleurs : Vers la richesse de nos différences. Parlons tout d’abord de richesse.
Spécialement au Québec, parlons de la riche évolution des soins de fin de vie. Pensons simplement à tout le courageux, à l’audacieux et au fructueux chemin parcouru depuis l’adoption en 2014 de Loi québécoise concernant les soins de fin de vie. L’expression Soins de fin de vie fut des plus rassembleuses et des plus inclusives, en plus d’être des plus faciles à comprendre par tous. Et cette expression continue sa progression inspirante, créatrice et unificatrice. Quelques faits.
Moments-clés
En janvier 2021, la Maison Michel-Sarrazin, première Maison de soins palliatifs du Québec et, je crois, même du Canada, est devenue Maison spécialisée en soins de fin de vie, incluant ouvertement l’aide médicale à mourir (amm). Et cela, avec une décision UNANIME de son Conseil d’administration. Ce qui fut et ce qui demeure un moment majeur et de portée immense dans l’univers des soins de fin de vie. Admiration et gratitude à vous, Maison Michel-Sarrazin!
Voici un autre moment marqueur. Dès son ouverture en 2018, la Maison Aline-Chrétien de Shawinigan a opté pour l’offre de tous les soins de fin de vie, incluant l’aide médicale à mourir. Pourquoi une telle option ? La Maison Aline-Chrétien a débuté ses activités en optant ouvertement et clairement pour la PRIMAUTÉ du seul intérêt de la personne en fin de vie ou rendue à la fin de sa vie. Maison Aline-Chrétien, vous avez fait honneur à l’audace et à la personne concernée au plus haut point dans l’univers des soins.
Un autre fait porteur de bien des réalités et de stabilités. La très grande majorité des demandeurs de l’aide médicale à mourir reçoivent déjà d’excellents soins palliatifs. De quoi faire réfléchir sérieusement les grands opposants qui osent encore de nos jours affirmer que si on développait énormément les soins palliatifs, le nombre des demandeurs de l’aide médicale à mourir deviendrait minime.
Un dernier fait fort révélateur. Les médecins canadiens qui font Soins palliatifs et aide médicale à mourir ainsi que des médecins québécois qui ont fait et font de même, se sont réunis à quelques reprises, à des moments différents. Une énorme et une riche surprise les attendait : la grande SÉRÉNITÉ des personnes qui ont opté pour l’aide médicale à mourir pour terminer leur vie. Surpris ils furent, et ils le sont encore.
Options possibles
La grande richesse des Soins de fin de vie se nourrit donc dans les différentes options qui sont offertes aux finissants de la vie. Et ces différents choix possibles augmentent leur mieux-être et leur dignité. Maintenant, il est plus que connu que la dignité passe tellement par le respect des choix éclairés et libres des finissants de la vie. Autre fait majeur : c’est ce respect qui facilite le plus les processus de deuil tant chez les proches que chez les soignants. Quelle richesse augmentée!
Après 38 années d’implication dans la noble Cause du mourir plus personnalisé, plus éclairé, plus libre, plus humain, plus digne, plus centré sur la personne avec ses valeurs, avec ses croyances, avec sa personnalité, avec son identité, avec son sens, avec sa souffrance, avec sa fierté, avec sa dignité, voilà ce qui m’amène à titrer cet article Mourir dans Ma dignité.
Et, pour terminer, voici ce à quoi je rêve. Les Maisons et les Unités de soins palliatifs deviennent toutes des Maisons et des Unités spécialisées en soins de fin de vie; presque partout au Québec, ça devient réalité. Le premier Colloque québécois sur les soins de fin de vie a lieu au début de 2024. Le Québec adopte sa Politique québécoise sur les soins de fin de vie, d’ici la fin de 2023. Tous les œuvrant en soins de fin de vie s’associent. Le Gouvernement défraie tous les coûts financiers de base des Maisons et des Unités de Soins de fin de vie, et cela dès juin 2023.
Et tout cela devient d’une cohérence remarquable avec le nom de notre Loi québécoise concernant les soins de fin de vie et avec le nom de notre Commission sur les soins de fin de vie. Cohérence, ô Cohérence, dans nos différences que de clarté, que de richesse et que de solidarité tu crées en ton nom!
Heureux et fructueux 32e Congrès! Admiration et gratitude aux oeuvrants dans l’univers des soins de fin de vie. Vous honorez la dignité, le respect, la liberté et notre humanité.